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aux Narcisses, aux Pallas, aux Icelus, et aux hommes les plus odieux dont elle fasse mention. » Des personnes de ce caractere, notre Auteur reprend la parole, en imposent facilement à un Prince, dont la bonté est aussi grande, que sa dignité est élevée. Comment se pourroit-il faire, qu’assiegé comme il l’est de délateurs, il ne fut point quelquefois prévenu par des calomnies. Il a beaucoup de probité, mais il est toujours obsedé par des scélerats. La plus grande ressource des infortunés, c’est que la Tanaquil de notre Lucumon, a sur son mari assez de crédit pour le désabuser. C’est elle, & il faut que vous en soyez informé, qui a empêché que la calomnie semée contre les deux freres par un homme comparable à ceux dont Verrès se servit autrefois pour piller la Sicile, ait fait une impression durable sur l’esprit de celui de qui nous dépendons tous aujourd’hui. Cette calomnie n’aura point d’autres suites, pourvû qu’Agrippine reste auprès de son Germanicus, qui est bien aussi le nôtre & qui le sera aussi long-tems, que la Province Lyonoise continuera de faire une portion du pays tenu par les Germains. »

On voit bien que Sidonius donne à Chilpéric le nom de Tétrarque, parce que ce prince partageoit avec ses trois freres les établissemens que les Bourguignons avoient dans les Gaules. Le roi Chilpéric en possedoit une quatriéme partie. Tout le monde a entendu parler du crédit que Tanaquil avoit sur l’esprit de son mari Lucumon, si connu dans l’histoire romaine sous le nom du vieux Tarquin, et de la confiance que Germanicus avoit en sa femme Agrippine. Mais nous ignorons le nom de la femme de Chilpéric que Sidonius compare avec Tanaquil et avec Agrippine la mere. Nous voyons seulement que cette reine étoit bien intentionnée pour les Romains, et par consequent pour les catholiques, et qu’elle avoit des liaisons d’amitié avec l’évêque d’Auvergne. Nous dirons cy-dessous que notre Chilpéric étoit pere de sainte Clotilde, et qu’on doit croire que lui-même il étoit catholique, quoique ses trois freres fussent ariens. Comme les Bourguignons étoient Germains d’origine, on ne sera point surpris de voir que Sidonius appelle la premiere Lyonoise, dont ils étoient déja maîtres, lorsqu’il écrivit cette lettre, une portion de la Germanie.

Les mauvais citoyens dont il est fait mention dans notre lettre, étoient la principale cause des malheurs qu’essuyoient alors les Gaules leur patrie. Comme on a vû qu’Arvandus l’a-