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trice, ou maître de la milice, qui par sa dignité étoit revêtu d’une autorité respectée depuis long-tems, et qui faisoit porter et executer ses ordres par les officiers ordinaires de l’empire. Un roi barbare ordonnoit-il en son nom une contribution de quelque nature qu’elle fût, il falloit qu’il employât le fer et le feu pour la faire payer. Mais il étoit obéi par tout ; et même dans les grandes villes, lorsqu’il ordonnoit cette contribution comme revêtu du pouvoir imperial, et que pour la lever, il employoit les officiers du prince regnant. Aussi la plûpart des rois Bourguignons ont-ils voulu être revêtus d’une des grandes charges de l’empire. Nous avons vû que Gunderic étoit maître de la milice, et que son fils aîné Gondebaud étoit patrice. Nous voyons que Chilpéric frere de Gondebaud avoit été maître de la milice, et qu’il fut même patrice dans la suite. Sigismond fils de Gondebaud et roi des Bourguignons après lui, fut aussi patrice ; voici même ce que dit à ce sujet notre Sigismond dans une lettre adressée à l’empereur des romains d’orient, Anastase. » Mes peres & moi, nous avons toujours été si devoüés à la Monarchie Romaine, que nous sommes tenus plus honorés par les dignités que les Ėmpercurs nous ont conferées, que par les titres que nous tenions de notre naissance. La couronne à laquelle le sang nous fait parvenir, ne nous a jamais paru qu’un degré propre à nous faire monter aux dignités que vous conferez. »

Nous avons parlé dès le premier livre de cet ouvrage de plusieurs rois Francs revêtus des dignités de la monarchie Romaine, et nous dirons dans la suite, qu’il est très probable que notre roi Childéric soit mort maître de la milice, et que son fils Clovis ait été revêtu peu de tems après de l’emploi de son pere. Il est certain du moins, que Clovis fut nommé consul par l’empereur, et qu’il prit solemnellement possession de cette dignité.

Quoique ces princes devinssent en quelque façon dépendans de l’empire, dès qu’ils devenoient ses officiers, ils ne laissoient pas néanmoins d’accepter ses dignités, et même de les briguer. Nous venons de parler de l’autorité qu’elles leur procu-