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des affaires civiles dans la partie du territoire de l’empire qui composoit son royaume. Quel étoit ce royaume ? La portion des pays occupés par les Bourguignons, laquelle étoit échuë à Chilpéric, lorsqu’après la mort de Gunderic son pere, il avoit partagé ces pays avec Gondebaud, Godegisile et Gondemar, qui comme lui étoient fils du roi Gunderic. En effet ce fut à cause de la dignité de patrice dont Chilpéric avoit été revêtu, ou qu’il s’étoit arrogée, que Lupicinus s’adressa à lui, pour l’engager à rendre justice, comme ce prince la rendit en effet, à des personnes d’une condition libre, qu’un seigneur puissant vouloit réduire à la condition d’esclaves. Au reste je crois avoir raison de traduire Ditionis regiae jus publicum, comme je le traduis ici, quand mon auteur lui-même a entendu certainement par Ditio publica la monarchie Romaine, en écrivant le passage dont j’ai fait usage dans le septiéme chapitre du livre où j’en suis. Que Chilpéric ait été fait patrice après avoir été fait maître de la milice, ç’aura été un avancement suivant les regles. Nous avons déja vû à l’occasion d’Aëtius et de plusieurs autres, que le grade de maître de la milice étoit inférieur au patriciat, et qu’il servoit de degré pour y monter. Quand Chilpéric qui avoit déja le commandement des troupes, aura demandé le patriciat, pouvoit-on le lui refuser, dès qu’il étoit maître de s’en arroger toute l’autorité.

Il n’est pas besoin d’expliquer bien au long, par quelles raisons les rois des peuplades de barbares établies à titre d’hôtes sur le territoire de la monarchie Romaine, recherchoient les dignités de l’empire, et se faisoient un honneur d’en être revêtus. Ces dignités ajoutoient au pouvoir qu’ils avoient comme chefs d’un corps de milice, capable de se faire obéir par la violence dans le pays où ils étoient cantonnés, un pouvoir autorisé par les loix et respecté de longue main. Les anciens habitans des contrées où les Francs et les Bourguignons étoient cantonnés, ne devoient obéir que par force aux ordres d’un roi des Francs, et d’un roi des Bourguignons. Ces Romains ne devoient rien executer de ce que leur enjoignoit un roi barbare, dès qu’ils n’apprehendoient point une execution militaire. Mais ces mêmes Romains obéissoient volontiers à un roi pa-