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faits de vous à Chilperic, Maître de la Milice & Capitaine si heureux. Des scélerats lui ont insiriué que c’étoit par vos menées que la Ville de Vaisons se déclaroit pour le nouvel Empereur. Mandez-moi si vous ou si les vôtres, vous trempez dans cette intrigue, afin que je puisse tandis que je suis encore sur les lieux, vous rendre service. Si vous avez quelque chose à vous reprocher, j’obtiendrai votre grace, du moins j’éclaircirai l’affaire de maniere que vous sçaurez précisément à quoi vous en tenir. »

Suivant toutes les apparences, Julius Népos est le nouvel empereur dont il est parlé dans cette lettre. Ce fut en l’année quatre cens soixante et quatorze qu’il fut proclamé après que Glycerius eût été déposé, et nous avons vû que c’étoit à la sollicitation de Gondebaud, un des rois des Bourguignons, que Glycerius étoit monté sur le trône. Ainsi nous pouvons croire que cette nation avec laquelle Glycerius avoit des liaisons particulieres, trouva mauvais qu’il eût été déposé, et qu’on lui eût donné un successeur. Il étoit donc naturel que les Bourguignons fissent de leur mieux, pour empêcher que Nepos qui étoit ce successeur, ne fût reconnu par les Romains des Gaules, et qu’ils ne trouvassent mauvais que l’Apollinaris, à qui Sidonius écrit, se fût intrigué pour faire proclamer Nepos dans Vaisons. Si notre auteur qualifie simplement ce Chilpéric de maître de la milice, c’est parce qu’il croyoit qu’il fût encore plus glorieux de porter le titre d’une des grandes dignités de l’empire, que le titre de roi, si commun alors ; car ce prince étoit certainement en quatre cens soixante et quatorze roi et de nom et d’effet. Sidonius lui-même donne dans une autre lettre, dont nous parlerons bien-tôt, le titre de tétrarque à Chilpéric, et Grégoire de Tours dit dans la vie de Lupicinus, abbé, et qui comme nous l’avons vû, étoit contemporain d’Egidius ; que ce saint fut trouver le roy Chilpéric qui regnoit pour lors sur les Bourguignons, et qui faisoit sa résidence à Geneve. On voit même dans la vie de notre saint publiée par les Bollandistes, et dont nous avons déja fait usage, que Chilpéric étoit roi, quoique ce fût seulement en qualité de patrice, qu’il avoit l’administration