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née quatre cens soixante et quinze, et qui fut même la derniere conquête d’Euric ; mais cela n’empêche point que le passage de Jornandès que nous venons de rapporter ne soit applicable aux tems qui ont précedé l’occupation de l’Auvergne. La date de la prise d’Arles et de Marseille que nous sçavons positivement, et celle de l’occupation de l’Auvergne que nous sçavons à quelque mois près, le prouvent suffisamment. On connoît d’ailleurs la capacité de Jornandès. Je retourne aux années anterieures à l’année quatre cens soixante et quatorze.

Suivant l’apparence ce fut dans ce tems-là que les bourguignons s’emparerent de toute la premiere Lyonoise, d’une partie de la Séquanoise qu’ils ne tenoient pas encore, et peut-être de quelque canton dans les provinces voisines, et principalement dans la premiere Aquitaine. Ce n’étoit point l’intention de l’empereur que ces alliés étendissent leurs quartiers ; mais les conjonctures où l’on se trouvoit, l’auront obligé à dissimuler la peine que lui donnoient ces nouveautés, comme à dissimuler les entreprises que les Francs auront faites de leur côté sur le territoire Romain. L’empire si respectable aux nations lorsqu’il avoit en campagne des armées entierement composées de ses sujets naturels, et dans ses coffres de quoi donner une solde exacte aux étrangers qui le servoient, avoit bien perdu de sa considération depuis qu’il n’avoit plus gueres d’autres troupes que des corps de conféderés, dont la solde étoit souvent mal payée, parce que ses finances se trouvoient épuisées. Il étoit donc réduit à souffrir pour éviter, ou plûtôt pour reculer de quelques années, sa ruine totale, que ces auxiliaires se saisissent des pays à leur bienséance, afin qu’ils leur tinssent lieu de nantissement. L’empire étoit réduit au point d’être obligé d’avoir pour ses alliés, toutes les complaisances qu’il exigeoit d’eux dans le tems qu’il étoit florissant. Enfin les progrès des Visigots réduisoient ses officiers à differer de montrer leur ressentiment, et même à faire leurs plaintes. Ce fut donc sous le regne des trois premiers successeurs d’Anthemius, qu’il est probable que les tribus des Francs se saisirent de plusieurs contrées, dont on ne sçait point quand elles prirent possession, et dont nous les verrons bientôt les maîtres, et ç’aura été dans le même-tems que les Bourguignons auront étendu leurs quartiers dans la premiere Lyonoise, dans la Séquanoise, dans la Viennoise, et même dans la premiere Aquitaine. Rien de ce qu’ils firent alors ne donna lieu à une