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maître successivement. Ainsi tout ce qu’il nous est possible de dire, concernant le tems où Euric s’appropria chaque cité des Gaules du nombre de celles dont il s’empara depuis quatre cens soixante et dix jusqu’à quatre cens soixante et quinze ; c’est que les premieres de ces cités-là furent celle d’Arles et celle de Marseille, et la derniere celle de l’Auvergne. Je ne sçaurois tirer des monumens historiques qui nous restent, rien de plus précis concernant la date des acquisitions qu’Euric fit dans les Gaules depuis l’année quatre cens soixante et dix jusqu’en quatre cens soixante et quinze.

C’est d’une note ancienne ajoutée à la cronique de Victor Tununensis, qui est une de celles que Joseph Scaliger nous a données, qu’on apprend qu’Arles et Marseille furent occupées par les Visigots sous le consulat de Jordanus et de Severus, c’est-à-dire, dès l’année quatre cens soixante et dix.

Voici ce que dit à ce sujet Jornandès. » Euric Roi des Visigots voyant que le gouvernement étoit devenu vacillant dans l’Empire Romain, s’empara d’Arles & de Marseille. Il étoit encouragé par les représentations & par les subsides de Genseric, à profiter du désordre où se trouvoient les affaires de cette Monarchie, car le Roi des Vandales voulant empêcher que l’Empereur Leon & dans la suite que l’Empereur Zenon, n’executassent les projets qu’ils formoient sans cesse contre lui, il crut que le meilleur moyen de leur donner des affaires, étoit de déchaîner les Visigots contre l’Empire d’Occident, & les Ostrogots contre l’Empire d’Orient. Il assuroit par-là le repos de l’Afrique où il regnoit. » Ainsi Genseric eut dans la guerre qu’Euric fit alors aux Romains des Gaules, la même part qu’il avoit déja euë dans celle que leur avoit faite Attila vingt ans auparavant. Il est vrai que Jornandès n’a placé le passage qu’on vient de lire, que dans le quarante-septiéme chapitre de son histoire, et que dès le quarante-cinquiéme chapitre il raconte l’occupation de l’Auvergne par les Visigots, qui ne fut faite, comme on le verra, que vers l’an-