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eu une durée plus longue que celle de nos traditions historiques. Les désordres et l’ignorance du dixiéme siecle auront fait perdre la mémoire de ces observations.

Qu’est-il encore arrivé dans la suite. Aimoin et les écrivains qui ont travaillé sur l’histoire de France au commencement du regne de la troisiéme race, auront pris leurs premieres idées dans l’abregé et non pas dans Gregoire de Tours. Cet abregé étant dix fois plus court que l’original, il devoit être, surtout dans un tems où l’on n’imprimoit pas encore, bien plus commun que l’original. Nous sommes même trop heureux qu’il ne soit point arrivé aux dix livres de l’histoire de Gregoire de Tours la même avanture qui est arrivée à l’histoire de Trogue-Pompée et à l’ancienne vie de S. Remi archevêque de Reims. Hincmar un de ses successeurs nous apprend dans la vie de notre saint, laquelle il composa durant le neuviéme siécle, qu’aussi-tôt après la mort de saint Remi arrivée en cinq cens trente-trois, on avoit écrit son histoire fort au long. Mais, ajoute Hincmar, Fortunat évêque de Poitiers ayant fait à la fin du sixiéme siecle un abregé de cet ouvrage ; l’abregé a été cause qu’on a négligé l’original, de maniere qu’il ne nous en est demeuré que quelques cahiers. C’est un fait dont nous parlerons encore plus au long ci-dessous. Ainsi Aimoin et ses successeurs qui avoient pris la premiere teinture de l’histoire de notre monarchie dans l’abbreviateur auront entendu le passage obscur de Gregoire de Tours dans le sens que cet abbreviateur et l’auteur des Gestes lui avoient donné, et nos derniers historiens s’en seront tenus à l’interprétation qu’Aimoin et nos premiers chroniqueurs avoient faite de ce passage. Il est bon de faire voir aux lecteurs de quelle maniere Aimoin rapporte les évenemens dont parle Gregoire de Tours dans le passage qui nous retient si long-tems. Ils connoîtront par les fautes dont la narration de cet historien fourmille, si j’ai tort de l’accuser d’avoir manqué quelquefois de pénétration et de jugement. » Childéric, qui étoit à la fois brave & prudent, gagna une bataille auprès d’Orleans contre Audoagrius. Ce Barbare s’étant sau-