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été faites en des tems bien plus voisins de ceux où l’abbreviateur écrivoit que celle d’Audoagrius, il a été plus difficile qu’il se trompât sur les principales circonstances des deux expéditions d’Espagne, que sur celles de l’expédition d’Audoagrius.

Ainsi l’abbreviateur a été très-capable d’appliquer au roi Childéric ce que Gregoire de Tours avoit dit d’Audoagrius dans le passage Veniente verò Adonacrio Andegavis. Il peut bien y être tombé dans cette erreur, puisque certainement il y est tombé dans d’autres concernant ce même évenement. Telle est celle de dire que ce fut contre Audoagrius que Childéric combattit auprès d’Orleans, quoiqu’Audoacrius ne soit point nommé dans l’original en cet endroit-là, et quoiqu’il soit sensible par toutes les circonstances de la narration de Gregoire de Tours, que ce roi des Saxons ne remonta point au-dessus du pont de Cé en quatre cens soixante et quatre. Telle est encore la faute d’avoir dit expressément que la mort d’Egidius et la défaite des Bretons au Bourgdieu étoient deux évenemens arrivés dans le même-tems. Nous avons montré que la mort d’Egidius appartient à l’année quatre cens soixante et quatre et que les Bretons Insulaires levés par Anthemius ne sçauroient à toute rigueur, avoir été battus dans le Berri par les Visigots avant l’année quatre cens soixante et huit, puisque ce prince qui les avoit levés ne fut proclamé empereur qu’au mois d’août de l’année quatre cens soixante et sept. Nous avons vû même qu’il est très-probable que les quartiers de ces Bretons ne furent enlevés par les Visigots que vers la fin de l’année quatre cens soixante et neuf. On ne sçauroit disculper l’abbreviateur en rejettant cette faute sur Gregoire de Tours. Il parle de la mort d’Egidius avant que de parler de la défaite de nos Bretons, et il ne dit point que ces deux évenemens fussent arrivés dans le même-tems. Il est vrai que les récits de ces évenemens sont contigus dans Gregoire de Tours ; mais cet auteur ne dit rien dans sa narration qui induise à croire, qu’ils appartiennent l’un et l’autre à une même année.

Est-il possible, répliquera-t-on, qu’une faute de la nature de celle que vous imputez à l’abbreviateur de Gregoire de Tours,