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ni songé à se former un stile par la lecture des bons auteurs profanes, mais que suivant les conseils du bienheureux Avitus évêque d’Auvergne, il s’est appliqué principalement à l’étude des écrivains ecclésiastiques. Enfin notre historien dit dans le préambule du premier livre de l’Histoire ecclesiastique des Francs : qu’il commencera par demander pardon à ses lecteurs, si dans l’ortographe et si dans la diction, il viole quelquefois les regles de la grammaire qu’il n’a jamais apprises parfaitement. Or de quoi s’agit-il ici, n’est-ce pas de sçavoir si Gregoire de Tours n’a point sous-entendu au nominatif un nom qu’il venoit de mettre à l’ablatif, ou ce qui revient au même, s’il n’a point employé un ablatif absolu pour un nominatif ? En un mot, si au fond il n’a point dit : Veniente verò Audonacrio Andegavis pour veniens verò Audonacrius Andegavis. Ne pourrions-nous pas dire après avoir rapporté les trois passages de Gregoire de Tours qu’on vient de lire : ne cherchons plus d’autre preuve. L’accusé avouë ce dont il est chargé.

Je tomberai d’accord après cela que les vices dont le style de cet historien est rempli, ne doivent point être imputés à lui en particulier, il étoit Celte, et nous avons vû dès le premier chapitre du premier livre de cet ouvrage que généralement les Celtes parloient mal latin, au lieu que les Aquitains le parloient bien. Dire que Gregoire de Tours n’étoit pas Celte mais Aquitain, parce que l’Auvergne sa patrie étoit une des cités de la province qui portoit le nom de la premiere Aquitaine, ce seroit faire une objection de mauvaise foi. Qui ne sçait pas que dans la division originaire des Gaules, dans celle qui se faisoit par rapport au païs des trois anciens peuples qui l’habitoient, comme par rapport aux mœurs, aux usages et à la langue de ces trois peuples, l’Auvergne a toujours été de la Gaule celtique. L’édit de l’empereur qui rendit l’Auvergne une portion de la premiere Aquitaine n’avoit point changé dans cette cité-là, ni la langue ni les mœurs, ni les usages anciens. L’union de Lisle et celle de Tournai au comté de Flandres, avoient-elles empêché que ces deux villes ne fussent toujours des villes de langue françoise. La cession de Strasbourg que l’empire a faite au roi très-chrétien et par laquelle cette ville est devenuë une portion du royaume de France, empê-