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supplicio posuisset, omnem rem evidenter aperuit dixitque, ne faut-il pas Qui cùm eum in supplicio posuisset, hic omnem rem evidenter aperuit ; dixitque, à Regina centum solidos accepi ut hoc facerem.

Gregoire de Tours n’est pas le seul des auteurs qui ont écrit en latin celtique, dans les phrases de qui l’on trouve le nom employé d’abord à l’ablatif, sous-entendu ensuite au cas direct pour tenir lieu de nominatif du verbe. Il est dit dans le chapitre douziéme de l’abregé de l’histoire de Gregoire de Tours, abregé fait dès le septiéme siécle… etc. N’y faut-il pas lire Mortuo Ægidio filium reliquit Syagrium nomine. N’y faut-il pas lire Mortuo Ægidio, Ægidius reliquit filium, ou bien, ille reliquit filium.

Nous rapporterons encore un exemple tiré des annales de Metz pour montrer que cette sorte de construction celtique s’est long-tems conservée dans les Gaules[1]. Post non multos verò annos patre ejus odone Duce defunito, reliquit Henrico filio suo Ducatum totius Saxonia. C’est-à-dire, Odone Duce defuncto, odo reliquit filio suo, &c. Il faut même que cette construction vicieuse se fût glissée dans le stile de ceux des auteurs du cinquiéme siécle, qui ont écrit en latin avec plus de pureté que leurs contemporains. On lit dans l’endroit des ouvrages de Sevére Sulpice, où il est parlé des troubles ausquels les écrits d’Origene avoient donné lieu en Egypte[2]. Istiusmodi ergo turbatione, cum veni Alexandriam, fluctuabat. Ne faut-il pas suppléer le nominatif du verbe, & lire : Cum veni Alexandriam, Alexandria fluctuabat.

Je reviens à Gregoire de Tours. Il est vrai que Dom Ruinart n’a point observé dans le style de cet historien la construction irréguliere qui lui fait sous-entendre au nominatif ou bien à l’accusatif le nom qu’il vient d’employer à l’ablatif ; mais ce sçavant religieux a fait sur le style de Gregoire de Tours d’autres observations qui nous mettroient en droit de prétendre, que notre historien a entendu dire Veniens verò Audonacrius Andegavis, interemptoque Paulo Comite, Audonacrius civitatem obtinuit, quand bien même nous n’aurions pas les preuves que nous venons de rapporter. Voici donc ce que dit au sujet du style de Gregoire de Tours, son sçavant éditeur.

» Si du tems de Gregoire de Tours quelqu’un eût voulu

  1. Du Chesne, tom. 3. pag. 331.
  2. Dial. pr. p. 361.