Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/600

Cette page n’a pas encore été corrigée

déric lorsqu’il mourut, s’étendoit jusqu’à la Loire. Cette seconde erreur est une suite nécessaire de la premiere.

Au contraire en expliquant le passage de Gregoire de Tours ainsi que nous l’avons expliqué, c’est-à-dire, en supposant que Gregoire de Tours ait écrit que ce fut Audoagrius qui prit Angers après avoir tué le comte Paulus, et que cet auteur n’y fasse mention de Childéric que pour dire en parenthese que ce prince n’arriva que le lendemain de l’action, et qu’il ne put ainsi rien empêcher ; tout ce qui se trouve dans le passage en question est entierement vraisemblable et s’accorde facilement avec la suite de l’histoire. Childéric aura été l’allié fidele des Romains durant toute la guerre qu’ils eurent à soûtenir alors contre les Saxons et contre les Visigots. Après la cessation des hostilités entre les Romains et les Visigots alliés des Saxons, il se sera joint avec Audoagrius pour faire l’expédition dont nous avons déja promis de parler, et le roi des Saxons aura été content d’avoir pour son compagnon d’armes, un prince fidele à ses engagemens et dont il avoit éprouvé la valeur lorsqu’il avoit été en guerre contre lui. Enfin, comme Childéric n’aura plus conquis l’Anjou, il ne sera plus nécessaire qu’il ait laissé à Clovis son fils et son successeur aucun Etat au midi de la Somme. Il n’y a donc point de doute qu’il ne convienne d’entendre le passage de Gregoire de Tours, dans le sens que nous l’entendons.

Pourquoi donc tant d’habiles écrivains qui ont senti la difficulté qui est dans ce passage et qui se sont donné la torture pour l’expliquer, ne l’ont-ils pas entendu d’abord comme vous ? Je réponds que cela est arrivé par deux raisons. En premier lieu, le texte de Gregoire de Tours semble à la premiere lecture, refuser de se prêter à notre explication. En second lieu, nos plus anciens annalistes, ceux qui depuis Gregoire de Tours ont écrit les premiers sur notre histoire, ont entendu le passage dont il est ici question, dans le sens où il est entendu communément. Ces annalistes ont compris que Gregoire de Tours y avoit voulu dire que ç’avoit été Childéric qui avoit tué Paulus et qui avoit pris Angers. Discutons d’abord la premiere de ces deux raisons.

Dans la phrase de laquelle il s’agit : Veniente verò Audonacrio Andegavis (Childericus Rex sequenti die advenit) interemproque Paulo Comite civitatem obtinuit. Childéric paroît ce qu’on appelle le nominatif du verbe, et par tant c’est Chil-