le tems qui s’écoula entre leurs deux expeditions. Or nous venons de voir qu’il a dû y avoir aumoins six ans entre la premiere et la seconde expedition d’Audoagrius sur les rives de la Loire, et nous avons vû dès le premier livre de cet ouvrage que les voyages par mer ne coûtoient rien aux Saxons. Ainsi les Isles des Saxons que les Francs prirent sous le regne de Childéric, celles qu’ils saccagerent alors et dont ils percerent les digues, sont Nostrand où il y a beaucoup de terres basses sujettes aux inondations et les isles adjacentes ; que les Francs pour déconcerter quelque projet des Saxons ayent tenté alors une entreprise difficile, mais nécessaire, et qu’ils ayent fait une descente avec succès dans les Isles des Saxons ; c’est la chose du monde la plus probable. Il y avoit alors des Francs établis à l’embouchure du Rhin dans l’ocean, et ils se seront joints à Childéric pour faire cette expédition. Dès le premier livre de cet ouvrage nous avons rapporté plusieurs passages d’auteurs du quatriéme siecle et des siecles suivans, lesquels font foi, que les Francs étoient d’aussi bons hommes de mer que les Saxons mêmes. Ces Francs pouvoient-ils rendre un meilleur service aux Gaules que d’aller ruiner, que de mettre sous l’eau, les Isles des Saxons qui étoient le repaire de ces pirates et le lieu où s’assembloient les flottes qui venoient saccager chaque jour quelque canton de cette grande province de l’empire ?
CHAPITRE XI.
En expliquant ce passage comme tout le monde l’a jusqu’à present expliqué, c’est-à-dire, en supposant qu’il y soit dit : que ce fut Childéric qui prit Angers sur les Romains après avoir tué Paulus, on tombe dans des difficultés dont on ne