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que l’Auvergne et Bourges étoient alors sous la même domination. Nous avons outre la lettre que je viens de citer[1], deux autres lettres de Sidonius, qui concernent l’élection d’un sujet pour remplir le siege de Bourges, lors de la vacance dont nous parlons, et nous avons même le discours que Sidonius prononça devant les habitans du Berri en cette occasion. Il paroît encore en lisant ces trois écrits que ces habitans n’étoient point pour lors sous la puissance des Visigots. Il y a plus, on voit par un endroit de Gregoire de Tours que les Visigots n’étoient point encore maîtres du Berri en quatre cens quatre-vingt-un. Notre auteur dit, en parlant d’un Victorius, à qui le roi Euric donna cette année-là, qui étoit la quatorziéme année de son regne, un commandement en vertu duquel l’Auvergne obéïssoit à cet officier : Euric donna à Victorius, le commandement sur sept cités ; et Victorius se rendit aussi-tôt en Auvergne. Quels étoient ces cités, si ce n’est les sept cités de la premiere Aquitaine, dont l’Auvergne étoit une, et desquelles les Visigots étoient devenus maîtres ? S’ils eussent tenu le Berri en quatre cens quatre-vingt-un, comme ils eussent été maîtres en ce cas-là de toute la province, qui ne comprenoit que ces huit cités, Gregoire de Tours au lieu de chercher une périphrase qui dît précisement ce qu’il vouloit dire, eût écrit simplement ; qu’Euric avoit donné à Victorius le gouvernement de la premiere Aquitaine. Je crois donc qu’il est très-probable que la ville de Bourges et la plus grande partie du Berri, n’appartinrent jamais aux Visigots qui, comme on le verra, n’étendirent plus leurs quartiers dans les Gaules, après la pacification faite vers l’année quatre cens soixante et dix-sept, et que le Berri a été une des contrées que les troupes Romaines remirent à Clovis lorsqu’elles firent leur capitulation avec lui en l’année quatre cens quatre-vingt dix-sept. Il en sera parlé en son tems. Revenons à ce qui dut arriver dans les Gaules immédiatement après la défaite de Riothame.

Quel parti auront pris les Romains dans cette conjoncture. à en juger par les faits qui vont être rapportés, il paroît que les Romains s’allierent plus étroitement que jamais avec les Bourguignons, comme avec les Francs ; que ces alliés firent deux corps d’armée : le premier composé d’une partie des trou-

  1. Lib. 1, Ep. 8. & 9.