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pris, que le corps commandé par le Roi Riothame en personne, fûr défait avant que les troupes Romaines qui devoient le soutenir, eussent pû le joindre. Riothame perdit dans ces actions la meilleure partie de son armée, & après en avoir rallié ce qu’il put, il se retira dans les païs tenus par le Bourguignon, qui faisoit alors tout devoir de bon & de fidele Confédéré des Romains. » L’enlevement des quartiers des Bretons ne paroît-il pas une de ces surprises par lesquelles les souverains commencent souvent à faire la guerre avant que de l’avoir déclarée ? Gregoire de Tours, comme on va le voir, écrit que le principal quartier de Riothame étoit dans le lieu nommé le Bourgdeols ou le Bourgdieu, près du Château-Roux en Berry.

Nous avons déja exposé que le dix-huitiéme chapitre du second livre de l’histoire ecclésiastique des Francs, n’étoit qu’un tissu de titres ou de sommaires de chapitres, et voici bien de quoi le prouver encore. Gregoire de Tours après avoir parlé de la mort d’Egidius arrivée, comme on l’a vû, dès l’année quatre cens soixante et quatre, et de la capitulation que les Romains firent avec Audoagrius dès qu’Egidius fut mort, ajoute immédiatement à ce qu’il en a dit. « Les Visigots chasserent les bretons du Berry, et ils en tuerent auparavant un grand nombre au Bourgdieu. » Cependant, comme nous l’avons fait voir, cet évenement ne sçauroit être arrivé plûtôt que vers la fin de l’année quatre cens soixante et neuf, et cinq ans après la mort d’Egidius. On observera encore la brieveté avec laquelle Gregoire de Tours raconte cette défaite des Bretons qui donna lieu aux Visigots de s’emparer d’un quart de la Gaule. Il est donc évident que les narrations d’évenemens arrivés à plusieurs années l’une de l’autre, sont contiguës dans le chapitre dont il s’agit ici, et que son auteur n’y fait que des récits très succints, même de ceux des évenemens importans dont il juge à propos d’y faire mention ; en un mot que le dix-huitiéme chapitre du second livre de son histoire, n’est autre chose qu’un tissu de titres, ou de sommaires de chapitres. Nous avons dit dans notre discours préliminaire par quelle raison Gregoire de Tours avoit ainsi tronqué ses narrations, quand il lui avoit fallu parler de quelques évenemens de notre histoire, antérieurs au batême de Clovis.