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pour maître Anthemius, et il est probable qu’elles n’avoient point entendu parler de ce Grec avant sa proclamation. On n’attendoit point de lui qu’il chassât des Gaules les barbares. Ainsi les provinces obéïssantes devoient être remplies de citoyens, qui fatigués d’un côté de voir leur patrie en proye à tous les maux inévitables dans un païs partagé entre plusieurs souverains, souvent en guerre, et toujours en mauvaise intelligence, et qui n’esperant plus d’un autre côté que les officiers de l’empereur vinssent jamais à bout de renvoyer les barbares au-delà du Rhin, souhaitoient que les barbares renvoyassent du moins ces officiers au-delà des Alpes. Il est naturel que plusieurs de ces citoyens ne se contentassent point de faire des vœux pour l’accomplissement de leurs desirs, et qu’ils eussent recours à des moyens plus efficaces, et réellement capables de procurer à leurs compatriotes un repos durable. Le peu de mémoires qui nous restent sur l’histoire de ces tems-là, est cause que nous ne sçavons point ce que cent Romains des Gaules auront tenté dès lors, pour secouer le joug du Capitole, et pour se donner à un maître qui pût les défendre. Mais nous pouvons juger, par ce que fit Arvandus quand il étoit préfet du prétoire des Gaules pour la seconde fois, et par conséquent le premier officier dans ce département, de ce que bien d’autres auront tenté.

On intercepta donc dans les commencemens du regne d’Anthemius une lettre que cet Arvandus écrivoit au roi des Visigots, et dans laquelle il lui conseilloit de ne point vivre en amitié avec ce Grec, qu’on avoit fait monter sur le thrône d’Occident. Il est tems, ajoûtoit Arvandus, que les Visigots et les Bourguignons s’emparent des Gaules, et qu’ils les partagent entr’eux, comme ils sont en droit de le faire. Liguez-vous donc avec le roi Gundéric, et commencez l’exécution de votre traité par enlever le corps de Bretons qu’Anthemius a posté sur la Loire.

Les officiers qui servoient sous Arvandus s’assurerent de lui dès que les preuves de sa trahison leur furent tombées entre les mains. Le coupable fut ensuite conduit à Rome où ils envoyerent en même-tems trois députés, du nombre desquels