Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/582

Cette page n’a pas encore été corrigée

ses desseins, en commençant de les exécuter. Il est aussi facile de pénétrer les projets des princes, lorsqu’ils en ont executé déja une partie, qu’il est difficile de les deviner avant que l’exécution en ait été commencée.

Voici donc ce qu’on trouve concernant les projets d’Euric, dans une lettre que Sidonius Apollinaris écrivit à son allié Avitus, pour le remercier d’avoir donné une métairie à l’église d’Auvergne. Comme Sidonius étoit déja évêque de l’Auvergne lorsqu’il écrivit la lettre dont nous allons donner un extrait, et comme il ne fut élevé à l’épiscopat qu’en quatre cens soixante et douze, notre lettre ne peut avoir été écrite au plûtôt que cette année-là, et par conséquent elle aura été écrite quand le roi des Visigots avoit déja commencé l’execution de son projet, et par conséquent lorsqu’on avoit pénetré déja ses desseins. Cependant il est à propos de la rapporter dès à présent, parce qu’elle contient le plan de l’entreprise d’Euric, et parce que le plan d’une entreprise doit être mis à la tête du récit de tout ce qui s’est fait pour l’exécuter.

» Il ne reste plus qu’à vous prier d’avoir autant d’attention pour les interêts de notre Province, que vous en avez euë pour les besoins de notre Eglise. Les biens que vous possedez en Auvergne devroient vous y attirer. Quand bien même vous ne connoîtriez point par un autre endroit son importance, le violent désir que les Visigots ont de se rendre maîtres de ce coin de pays, tout desolé qu’il est, suffiroit pour vous la donner à connoître. Cette envie est si grande, que si l’on veut bien avoir la bonté de les en croire sur leur parole, ils sont prêts à évacuer leurs anciens quartiers, ils sont prêts à déguerpir de leur Septimanie, pourvû qu’on leur abandonne l’Auvergne dans le miserable état où elle se trouve aujourd’hui. Mais nous espérons que le Ciel vous inspirera de vous porter pour Médiateur entre la République & ces Barbares, & que vous nous épargnerez l’affiction de voir de pareils Hôtes au-tour de nos foyers. Quand les Visigots non contens d’avoir outrepassé les limites des concessions