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nerent le loisir de ménager des intrigues qui le tirerent d’affaire. On a vû que le roi des Vandales avoit fait épouser à son fils une des deux filles de Valentinien III et qu’il avoit marié l’autre fille de cet empereur avec Olybrius. Cet Olybrius engagé par l’alliance qu’il avoit faite avec Genseric à le servir, et qui étoit encore irrité de ce que Leon lui eût préferé Anthemius, avoit sans doute des amis dans l’armée de l’empire d’Occident. Enfin il cabala si bien que les officiers de cette armée conjurerent contre Marcellianus leur géneral particulier, et le poignarderent. Cet évenement qui a pû suivre de près le débarquement de l’armée Romaine en Afrique, arriva dès l’année quatre cens soixante et huit suivant la cronique de Cassiodore, quoique si l’on en juge par la chronique d’Idace, on n’ait sçu en Espagne qu’en quatre cens soixante et neuf, que l’armée Romaine étoit partie pour aller faire la guerre aux Vandales.

Autant qu’on le peut comprendre par ce qu’en disent les auteurs contemporains, Marcellianus fut assassiné en Sicile où il étoit allé faire quelque voyage, à cause que sa présence y étoit nécessaire, soit afin d’y ramasser un convoi pour l’armée qui étoit en Afrique, soit par quelqu’autre raison. La cronique d’un auteur qui s’appelloit aussi Marcellinus, dit en parlant du patrice Marcellianus, dont il est ici question : « Marcellinus, qui nonobstant qu’il fît encore profession de la religion payenne, étoit Patrice d’Occident, fut assassiné par les Romains, dans le tems même que pour le service de l’Empire, il faisoit la guerre aux Vandales retranchés sous Carthage. »

On peut bien croire qu’après le meurtre de Marcellianus, qui comme nous venons de le dire, étoit l’homme de confiance de Leon, la division se mit entre l’armée des Romains d’Orient, et celle des Romains d’Occident. Ce que nous sçavons positivement, c’est que les uns et les autres se rembarquerent, et qu’ils laisserent Genseric possesseur de ce qu’il tenoit en Afrique.

Retournons aux entreprises d’Euric qui obligerent les Romains des Gaules à se servir nécessairement des Francs, et par