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ric dans la Lusitanie, ajoute qu’Euric se saisit ensuite de Pampelune, de Saragosse et de l’Espagne supérieure dont les Romains étoient en possession. Euric aura fait servir le traité entre les Romains et les Suéves, de prétexte à ses usurpations, dont nous reprendrons l’histoire quand nous aurons parlé de la guerre que l’empire d’Orient et l’empire d’Occident firent conjointement aux Vandales d’Afrique au commencement du regne d’Anthemius, guerre qui donna la hardiesse au roi des Visigots d’oser faire ces usurpations.

Nous avons vû que le grand dessein de Leon étoit de joindre les forces des deux empires pour chasser enfin de l’Afrique les Vandales qui l’occupoient depuis près de quarante années, et que c’étoit pour assurer l’exécution de son entreprise qu’il avoit placé un de ses sujets sur le trône d’Occident. Dès l’année même de la proclamation d’Anthemius, les deux empereurs voulurent porter la guerre en Afrique ; mais la négligence de ceux qui avoient entrepris les fournitures de l’armée, et qu’on se vit obligé de changer, fut cause que la mauvaise saison vint avant qu’elle put se mettre en mer. Il fallut differer l’entreprise et la remettre à une autre année. Enfin en quatre cens soixante et huit l’armée partit pour l’Afrique. » Les Ambassadeurs qu’Euric, dit Idace sur l’année suivante, avoit envoyés à Leon, revinrent, & ils rapporterent qu’ils avoient vû partir une nombreuse armée commandée par des Capitaines de grande réputation, & que cet Empereur, envoyoit faire la guerre aux Vandales d’Afrique. Nos Ambassadeurs ajoûtoient, qu’Anthemius avoit envoyé de son côré, un gros corps de troupes commandé par Marcellianus, joindre l’armée de l’Empereur d’Orient. »

Nous apprenons de Procope[1] que la flotte Romaine aborda heureusement au promontoire de Mercure, et qu’elle y débarqua l’armée de terre. Mais les géneraux de Leon n’ayant point assez pressé Genseric qui s’étoit retiré sous Carthage la seule place de ses Etats qu’il n’eût point démentelée, ils lui don-

  1. De Bell. Vand. lib. I.