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connu pour maître de la milice des Gaules par tous les partisans de Séverus entroit même dans la négociation. Ainsi Egidius ne pouvoit pas douter que ses ennemis ne voulussent, en faisant la paix avec les Sueves, se mettre en état de pouvoir rappeller dans les Gaules une partie des troupes qu’ils avoient en Espagne, afin de lui faire la guerre avec plus de vigueur. Rien n’est plus autorisé par la loi naturelle, que d’opposer des alliés à des ennemis.

Egidius envoya donc des personnes de confiance à Carthage pour y traiter avec Genséric. Voici ce que dit Idace à ce sujet. » Au mois de Mai de la troisiéme année du regne de Séverus, c’est-à-dire, en l’année quatre cens soixante & quatre, les Envoyés du même Egidius dont nous avons parlé ci-dessus, se rendirent auprès des Vandales par la route de l’Ocean, & le mois de Septembre suivant ils revinrent dans les Gaules par la même route. » Egidius en faisant aller ses envoyés par la mer oceane, ne leur faisoit point prendre la voye la plus courte et la plus commode pour se rendre des Gaules à Carthage ; mais ce voyage-là, qu’il avoit apparemment dessein de tenir secret, se pouvoit cacher plus aisément que celui qu’ils auroient fait en s’embarquant dans un des ports des Gaules sur la mer Mediterannée. Il auroit fallu, s’ils eussent pris cette derniere route, qu’ils eussent traversé pour aller s’embarquer à Marseille, plusieurs provinces où Ricimer avoit des amis, et qu’ils se fussent encore exposés à être pris par ceux de ses vaisseaux qu’il faisoit croiser sur la côte des provinces Narbonoises.

Les Vandales prirent-ils des engagemens avec Egidius et firent-ils quelques mouvemens en sa faveur ? Les auteurs qui nous restent n’en disent rien. Il est à croire que la mort de ce généralissime arrivée peu de tems après le retour de ses envoyés rendit inutile tout ce qu’ils avoient traité à Carthage. Suivant Idace, ces envoyés ne furent de retour qu’au mois de septembre de l’année quatre cens soixante et quatre, et suivant ce même auteur, Egidius mourut avant le dix-neuviéme novembre de la même année, puisque, lorsqu’il mourut, on comptoit encore la troisiéme année du regne de Severus, qui avoit commencé son empire le dix-neuviéme novembre de l’année quatre cens soixante et un.