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Les Romains et les Francs eussent aussi chassé pour lors Audoagrius de l’Anjou, en le forçant l’épée à la main à se rembarquer comme nous verrons qu’ils l’y forcerent dix ans après, si la mort d’Egidius ne les en eût point empêchés ; mais cette mort qui devoit apporter un grand changement dans la Gaule, les réduisit à capituler avec ce roi des Saxons. Ils lui accorderent donc une forte contribution afin de l’engager à reprendre la route de son pays ; et pour sûreté du payement de la somme convenuë, ils lui donnerent des otages qu’il emmena sur ses vaisseaux. Notre histoire contient trente exemples de semblables compositions, conclues entre les pirates du nord et différentes contrées des Gaules où ils avoient fait des descentes.

Comme la necessité d’expliquer la narration de Gregoire de Tours m’a contraint à parler d’avance de la mort d’Egidius et de la retraite des Saxons, deux évenemens qui appartiennent à la fin de l’année quatre cens soixante et quatre dans laquelle je n’étois point encore entré ; j’avertis pour plus de clarté que je vais remonter au commencement de cette année quatre cens soixante et quatre. Je dirai donc en reprenant l’ordre chronologique, qu’Egidius voyant que Ricimer lui avoit mis les Saxons sur les bras, résolut de se liguer de son côté avec les Vandales d’Afrique et de les engager à concerter avec lui quelque entreprise capable d’operer une puissante diversion en faveur des Gaules. On peut bien croire qu’un citoyen aussi vertueux que les auteurs contemporains d’Egidius disent qu’il l’étoit, n’auroit pas recherché l’alliance des plus dangereux ennemis de l’empire, si Ricimer et les Visigots ne l’eussent point réduit dans une situation pareille à celle où étoit François Premier lorsqu’il fit venir à son secours la flotte du sultan des Turcs.

Tout mal instruits que nous sommes des évenemens du regne de Séverus, nous ne laissons pas de sçavoir qu’Egidius avoit encore un autre motif de prendre des liaisons avec les vandales d’Afrique. Theodoric Second, l’ami de Ricimer, négocioit alors en son nom et au nom de Séverus, un traité de paix avec les Sueves qui s’étoient emparés d’une partie de l’Espagne et contre qui le roi des Visigots faisoit actuellement la guerre au nom et sous les auspices de l’empire. Arborius re-