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entre la Loire & le Loiret. Frederic un des Rois des Visigots fut tué. » On ne sçauroit douter que nos deux croniqueurs ne parlent ici du même évenement. Le même prince ne sçauroit être tué dans deux actions differentes. Si Marius appelle roi, le Fredéric qui commandoit l’armée des Visigots et qu’Idace ne qualifie que de frere de roi, c’est, comme nous le dirons plus au long ailleurs, que l’usage commun étoit alors de donner le titre de roi aux enfans des rois. Nous verrons même qu’en France où la couronne ne tomboit point en quenoüille, on donnoit le nom de reines aux filles de nos rois, parce qu’elles étoient leurs filles. C’est ce que Monsieur De Valois a très-bien éclairci et ce que personne n’ignore. On ne sera pas non-plus surpris de voir qu’Idace mette dans le commandement Armorique le petit espace de terrain qui est entre la Loire et le Loiret, dès qu’on se rappellera ce que nous avons dit dans notre premier livre sur l’étenduë de ce commandement qui renfermoit la quatriéme Lyonnoise ou la province Senonoise dont étoit Orleans.

Aucun des deux auteurs qui viennent d’être cités ne dit pas, il est vrai, que Childéric étoit avec Egidius lorsque ce dernier gagna la bataille où Fréderic fut tué, mais on peut montrer par le témoignage de Gregoire de Tours, que ce roi des Francs s’y trouva en personne ; n’est-ce pas de cette bataille-là qu’il convient d’entendre ce que dit notre auteur quand il écrit. « Pour reprendre le fil de l’histoire, Childéric combattit dans les actions de guerre dont l’Orleanois fut le theâtre. » Ceci, je le sçais bien, veut être discuté plus au long. Déduisons donc nos preuves.

Gregoire de Tours après avoir raconté à la fin du douziéme chapitre du second livre de son histoire, le rétablissement de Childéric, laisse ce prince pour un tems et il employe les cinq chapitres qui suivent immédiatement le douziéme, au récit de plusieurs actions édifiantes et de quelques autres évenemens qui sont plutôt de l’histoire ecclesiastique que de l’histoire prophane. Ce n’est donc qu’au commencement du dix-huitiéme chapitre que Gregoire de Tours reprend l’histoire de Childéric, et il la reprend encore à la maniere dont notre Dis-