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l’accusation intentée contre lui. Agrippinus revint aussi-tôt dans les Gaules, où il fut se jetter aux pieds du serviteur en de Dieu & lui raconter les merveilles que le Tout-puissant venoit d’operer. » La trahison que commit quelque-tems après Agrippinus en livrant Narbonne aux Visigots, montra bien qu’Egidius n’avoit point été un calomniateur.

Il est vrai que l’auteur de la vie de Lupicinus que nous venons d’extraire, ne dit point positivement que l’empereur dont il entend parler fut Majorien ; mais les circonstances de son récit le disent suffisamment. Suivant cet écrivain, Egidius étoit déja maître de la milice, lorsqu’il abusa du crédit qu’il avoit sur l’esprit de l’empereur pour perdre Agrippinus. Or nous avons vû que ce fut Majorien qui fit Egidius maître de la milice. Egidius d’un autre côté ne sçauroit avoir accusé Agrippinus devant Severus le successeur de Majorien, puisque Egidius ne reconnut jamais Severus pour son empereur. Ainsi comme Egidius mourut sous le regne de Severus, il faut absolument que l’empereur devant qui Egidius étant déja maître de la milice, accusa Agrippinus, ait été Majorien.

Nous avons déja observé en parlant de l’occupation de Narbonne par les Visigots sous l’empire d’Honorius, de quelle importance leur étoit cette ville, située de maniere qu’elle donnoit entrée au milieu de leurs quartiers, et qui dans ces tems-là avoit un port capable de recevoir toutes les espéces de bâtimens qui navigeoient ordinairement sur la Mediterranée. Tant qu’une pareille place d’armes demeuroit au pouvoir des Romains, la possession où les Visigots étoient de la premiere Narbonoise et des contrées adjacentes, ne pouvoit être qu’une possession précaire. Aussi avons-nous vû que dès qu’Honorius leur eut assigné des quartiers dans les Gaules ils voulurent se rendre maîtres de Narbonne et qu’ils la surprirent dans le tems que ses citoyens faisoient leurs vendanges. Nous avons vû aussi qu’ils l’évacuerent lorsqu’en consequence d’un nouvel accord qu’ils firent avec Honorius, ils passerent en Espagne. On l’avoit exceptée sans doute, des villes dont on les remit en possession lorsqu’ils revinrent de l’Espagne en quatre cens dix-neuf, pour reprendre leurs anciens quartiers dans les Gaules.

Nous placerons sous cette année quatre cens soixante et deux la prise de Cologne et le sac de Treves par les Francs Ripuaires, d’autant que l’auteur des Gestes des Francs qui nous apprend ces évenemens, les rapporte immédiatement après avoir