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de de Comte Militaire dans les Gaules, en l’accusant malignement & avec artifice d’être traître à la patrie, & d’abuser de l’emploi qu’elle lui avoit confié ; pour faire en sorte que les Provinces qui étoient encore soûmises au gouvernement de Rome, tombassent au pouvoir des Barbares. Comme Agrippinus n’avoit aucune connoissance des imputations qui lui étoient faites, il ne pensa point à s’en justifier, & Majorien se prévint tellement contre lui, qu’il envoya ordre dans les Gaules de conduire à Rome le prétendu coupable pour l’y faire punir comme criminel de Leze-Majesté. Cet ordre qui condamnoit d’avance Agrippinus, fut adressé à son Délateur. L’Accusé ayant eu pour lors quelques avis de ce qui se passoit, se retira dans son Gouvernement & quand il s’y crut en sûreté, il déclara qu’il n’iroit point à Rome, à moins que ceux qui l’accusoient ne s’y rendissent avec lui. Egidius entreprit de se justifier dans le monde, du soupçon d’être l’auteur des rapports faits au Prince contre Agrippinus, & il fit à ce sujet mille sermens. Mais son dessein étoit moins de rendre justice à l’Accusé, que de l’engager à se livrer lui-même entre les mains de l’Empereur. Enfin Egidius protesta si bien qu’il n’étoit point à la connoissance qu’aucune personne en place, ou qu’aucun témoin dont la déposition fût digne de foi, eût accusé Agrippinus, que ce dernier résolut de se rendre à Rome, après qu’en présence de Lupicinus, Egidius auroit juré que ce qu’il disoit, étoit la vérité. Egidius fit le serment, Lupicinus le reçut, & Agrippinus plein de confiance se rendit à Rome où il fut arrêté condamné à mort avant que d’être entendu & renfermé dans un cachot pour y attendre le jour de son exécution. Lupicinus qui étoit demeuré dans les Gaules ne laissa point d’être informé, soit par révélation ou autrement, du danger que son ami couroit à Rome. Il se mit donc en prieres & son intercession eut tant d’efficacité, qu’une nuit Agrippinus fut tiré de sa prison par un miracle à peu près semblable à celui qui tira saint Pierre des liens ou le Roi Herode l’avoit fait mettre. Dès que le Comte se vit en liberté, il se réfugia dans l’Eglise de Saint Pierre sur le mont Vatican, & là il fit la paix avec l’Empereur qui le renvoya absous de