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le sujet de la guerre fut un évenement inattendu, on n’avoit pas prévû la rupture long-tems avant qu’elle se fît. Si je place le siege en quatre cens soixante et deux plûtôt que l’année suivante, c’est parce qu’en quatre cens soixante et trois Egidius se tint apparemment sur la Loire, où fut le fort de la guerre cette année-là, comme on le verra dans la suite.

C’est Idace qui nous apprend le second de ceux des évenemens de la campagne de quatre cens soixante et deux, dont nous ayons connoissance. » Agrippinus, dit-il, lui qui étoit né dans les Gaules & qui exerçoit l’emploi de Comte dans Narbonne sa patrie, livra cette ville à Theodoric Roi des Visigots pour en obtenir du secours contre Egidius Comte & personnage très-illustre. » Agrippinus avoit sujet de haïr Egidius, et de craindre que ce général prévenu de longue main contre lui, ne lui fît un mauvais parti. Exposons ce qu’on sçait à ce sujet.

Un des plus illustres cenobites qui vivoient dans ce tems-là, et l’un des plus respectés par les Romains et par les barbares, étoit saint Lupicinus. Il s’étoit retiré dans les solitudes du mont Jura, où il fonda plusieurs monasteres, et entr’autres celui qui présentement est connu sous le nom de l’abbaye de S. Claude. Nous avons deux anciennes vies de ce saint, dont la premiere est écrite par un religieux son contemporain, et la seconde par Gregoire de Tours. C’est la premiere qui nous instruit du sujet qu’avoit Agrippinus de haïr Egidius et de le craindre. On y lit donc. » Egidius lorsque déja il étoit Maître de la Milice, noircit dans l’esprit de l’Empereur Majorien, Agrippinus, homme d’un génie perçant, & que ses talens pour la guerre avoient fait parvenir au gra-