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dont il avoit été compagnon d’armes, et nous avons vû que Majorien étoit encore un jeune homme en quatre cens cinquante-huit. En second lieu, et ceci paroît décisif, le siége mis devant Arles par les Visigots en quatre cens vingt-cinq ne fut pas levé miraculeusement. Comme on l’a vû, ce fut Aëtius qui à la tête d’une puissante armée le fit lever, et battit même les assiegeans.

Dès que le second siege d’Arles par les Visigots ne s’est fait qu’après l’année quatre cens cinquante-cinq, et que d’un autre côté il s’est fait du vivant d’Egidius, mort en quatre cens soixante et quatre, il ne sçauroit s’être fait qu’en quatre cens cinquante-huit, ou bien après quatre cens soixante et un. Depuis la mort de Valentinien III arrivée en quatre cens cinquante-cinq, où finissent les fastes de Prosper, jusqu’à la proclamation de Majorien arrivée en quatre cens cinquante-sept, les Visigots vêcurent en bonne intelligence avec l’empire. Ce ne fut que cette année-là qu’ils rompirent avec l’empire, et encore demeurerent-ils amis de ceux des Romains des Gaules qui ne vouloient point reconnoître Majorien. Ainsi les Visigots ne sçauroient avoir fait avant quatre cens cinquante-huit le second siege d’Arles. D’ailleurs, s’ils eussent fait ce siege alors, ce n’auroit pas été Egidius qui auroit défendu la place. Il étoit avec Majorien en Italie, et comme nous l’avons vû, il ne vint dans les Gaules qu’avec l’armée que cet empereur y amena en quatre cens cinquante-huit. D’un autre côté si les Visigots eussent osé tenter le siege d’Arles dans le tems qui s’est écoulé entre l’année quatre cens cinquante-huit et la mort de Majorien, certainement celui qui auroit défendu la place n’auroit pas été privé de l’esperance d’être secouru, ni réduit à n’attendre sa délivrance que d’un miracle. Telle fut cependant la destinée d’Egidius, lorsqu’il soûtint le siege dont nous parlons. Enfin la paix entre les Visigots et Majorien laquelle dura jusques à sa mort, fut faite au plus tard en quatre cens cinquante-neuf. Ainsi je conclus de tout ce qui vient d’être exposé, que notre siege a dû se faire après la nouvelle rupture entre les Romains des Gaules et les Visigots, à laquelle le meurtre de Majorien et la proclamation de Severus donnerent lieu en quatre cens soixante et un. Je ne place point le siege d’Arles dans cette année-là, parce qu’il ne paroît point vraisemblable que les Visigots ayent aussi-tôt après la rupture, fait une entreprise qui demandoit de grands préparatifs, et comme