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chapitre vingtiéme et du chapitre quarante-troisiéme du second livre de l’histoire de Gregoire de Tours, peut bien avoir interpolé aussi le douziéme chapitre de ce même livre, en y formant un V pour un I et les mêmes raisons qui ont fait passer dans tous les manuscrits les deux premieres fautes, y auront fait passer encore la derniere, celle qui concerne le nombre des années que dura l’exil de Childeric.

Quelques critiques voudroient justifier Gregoire de Tours sur les huit années de regne que son texte donne à Egidius, en supposant qu’Egidius ne fut mort que long-tems après l’année quatre cens soixante et quatre. Leur opinion me paroît insoutenable, parce qu’elle suppose qu’Idace se soit trompé sur la date de la mort d’Egidius qu’il place avant celle de Severus arrivée en 465. N’est-il pas plus raisonnable de supposer que les copistes de Gregoire de Tours ont fait ici la même faute qu’ils ont fait certainement en d’autres endroits, qu’il ne l’est de croire qu’Idace auteur contemporain se soit trompé en plaçant dans sa cronique la mort d’un homme tel qu’Egidius, avant la mort de l’empereur Severus, au lieu de le placer après la mort de ce prince. Cette supposition n’éclaircit la difficulté qu’aux dépens de la réputation d’Idace, et la mienne l’éclaircit aux dépens de la réputation des copistes de Gregoire de Tours. D’autres critiques ont voulu que Childeric fut monté sur le trône beaucoup plûtôt que l’année quatre cens cinquante-six et vers l’année quatre cens quarante-neuf, de maniere qu’il auroit pû être déposé dès l’année quatre cens cinquante-deux, et rétabli dès l’année quatre cens soixante après un exil de huit ans durant lequel Egidius auroit regné sur les Saliens. Mais cette supposition est démentie par l’auteur des Gestes dont nous avons rapporté le texte en parlant de l’avenement de Childeric au trône. Suivant cet auteur, Childeric n’a pas pû commencer à regner avant l’année quatre cens cinquante-sept, puisqu’il comptoit encore la vingt-quatriéme année de son regne, lorsqu’il mourut en quatre cens quatre-vingt-un.