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eurent ainsi beaucoup à souffrir à l’occasion du traité particulier conclu entre Genséric et l’empereur d’Orient qui ne les y avoit pas compris. Enfin Severus se vit réduit à envoyer de nouveau des ambassadeurs à Leon pour lui déclarer que s’il ne vouloit pas du moins se faire médiateur d’un accommodement entre l’empire d’Occident et les Vandales, il n’y auroit plus bien-tôt d’empire d’Occident. Sur ces nouvelles representations, Leon fit passer à Carthage le patrice Tatianus. Le fragment de Priscus Rhetor qui nous instruit de tous ces détails, ne nous dit pas en quelle année Tatianus fut envoyé pour moyenner la paix entre les Vandales et les Romains d’Occident, ni ce qu’il fut conclu par le patrice. Le texte de Priscus suppose cependant que la guerre ait encore duré plusieurs années après l’avenement de Severus à l’empire, entre lui et Genséric, et l’on verra par les faits que nous rapporterons sur l’année quatre cens soixante et trois que la paix n’étoit point encore faite alors entre l’empereur d’occident et le roi des Vandales.

Comme nous l’avons dit déja, Ricimer fut plus heureux à conjurer la tempête qui le menaçoit du côté des Gaules, qu’à conjurer celle qui venoit du côté de l’Afrique. Les Visigots suscités apparemment par ses menées, donnerent tant d’affaires à Egidius, qu’il ne fut point en état de passer les Alpes, pour lui aller demander raison du meurtre de Majorien. Voici ce qu’on lit dans Priscus Rhetor à ce sujet. » La guerre qu’Egidius eur à soutenir dans les Gaules contre les Visigots qui vouloient étendre leurs quartiers, l’empêcha de passer en Italie. Il fit dans le cours de cette guerre plusieurs exploits dignes d’un homme de courage & d’un grand Capitaine. » Mais avant que d’entreprendre d’expliquer et de ranger par ordre le peu que nous sçavons concernant les évenemens de cette guerre-là, où Childéric eut tant de part, il convient de parler du rétablissement de ce prince sur le trône des Francs, comme des motifs qui engagerent Egidius à y donner les mains, et peut-être à s’en faire le promoteur. On ne sçauroit penser autrement quand on fait attention aux conjonctures où ce Romain se trouva, lorsque Severus eut été proclamé empereur, et aux expressions dont se sert Gregoire de Tours en parlant de l’union qui fut entre Egidius et Childéric après le rétablissement du dernier.