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quatre cens soixante et un, cependant Jornandès observe que ce prince fut placé sur le trône avant qu’on eût encore reçû les ordres de Leon sur ce sujet là. Ainsi l’on ne doit point être surpris de la confusion et du désordre où cette proclamation précipitée acheva de jetter tout l’empire d’Occident qui craignit à la fois d’être attaqué par l’armée de Leon, par celle que commandoit Egidius et par les Vandales. Expliquons cela.

Nous avons parlé de Marcellianus cet ami d’Aëtius que le parti qui s’étoit formé dans les Gaules pour empêcher qu’on n’y reconnût Majorien, avoit voulu proclamer empereur, et nous l’avons laissé en Dalmatie où il s’étoit cantonné. Voici ce qui lui étoit arrivé dans la suite. L’empereur Leon l’avoit engagé à passer à son service, et il lui avoit donné le commandement des forces qu’il vouloit faire agir contre les Vandales d’Afrique. Ces barbares après s’être emparés de la Sardaigne, tâchoient encore de se rendre entierement maîtres de la Sicile, dont ils avoient déja pris la plus grande partie. Marcellianus après avoir obligé les Vandales d’abandonner la Sardaigne, avoit mis pied à terre en Sicile où il avoit remporté plusieurs avantages sur ces ennemis. Ses forces étoient considérables, et il paroît même qu’il avoit réduit les Vandales à traiter avec lui, avant la mort de Majorien. Les Romains d’Occident avoient donc sujet de craindre qu’il ne vînt un ordre de Constantinople qui enjoignît à Marcellianus de marcher contr’eux, et de les contraindre à déposer l’empereur qu’ils avoient osé proclamer, sans avoir obtenu auparavant le consentement de Leon. D’un autre côté Egidius irrité du meurtre de Majorien menaçoit de se servir de tout le crédit qu’il avoit dans les Gaules sa patrie, et des troupes nombreuses qui étoient à ses ordres, pour venger la mort de son empereur dont la mémoire lui étoit d’autant plus chere qu’ils avoient été long-tems compagnons d’armes. Nous avons parlé plusieurs fois de ce que l’Italie avoit à craindre des Vandales.

Il n’y eut qu’un de ces trois orages qui fondit sur l’Italie. Ri-