Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’ai crû ne pouvoir pas donner une forme plus convenable à un ouvrage où j’avois en même tems un systême reçu à détruire & un nouveau systême à établir, que celle d’une Histoire critique. En effet, ce genre d’écrire maintenant assez acrédité, permet tout ce que je me trouve dans l’obligation de faire. Il permet d’interrompre souvent la narration, soit pour examiner la possibilité des faits, & quelle doit être l’autorité de ceux qui les attestent, soit pour rendre raison des motifs qui déterminent à prendre parti entre deux Auteurs qui se contredisent, ou bien à concilier deux Historiens qui ne sont opposés l’un à l’autre qu’en apparence, soit enfin pour adopter ou pour réfuter les explications que nos Historiens modernes ont données aux passages importans de nos anciens Historiens. Ce genre d’écrire permet en un mot, tout ce qu’il faut faire en suivant cette méthode si vantée qui mene du connu à l’inconnu par voye de raisonnement.

Je n’ignore point que ces discussions fatiguent souvent le Lecteur. Il trouve bien plus d’agrément dans une Histoire écrite dans la forme ordinaire, & qui, n’interrompant sa narration que par des réflexions interessantes & courtes, n’employe d’autres preuves que des notes & des citations marginales. Je comparerai même, si l’on veut, toutes les discussions dont l’Histoire Critique est obligée de se charger, au harnois qu’endossoient les hommes d’armes des derniers siecles. Il les rendoit presqu’invulnerables, mais il leur ôtoit en même tems l’agilité & la bonne grace qu’ils auroient euës, s’ils n’avoient point été surchargés de fer : Néanmoins étant obligé comme je le suis, à détromper & à persuader à la fois, j’ai dû choisir le genre d’écrire le plus propre à convaincre, quoiqu’il fût le moins propre à plaire.

Veritas usu & mora, falsa, festinatione & incertis valescunt.
Tacit. Ann. Lib. secundo.


AVERTISSEMENT.

LA Notice de l’Empire & la Notice des Gaules se trouvent citées si souvent dans cet ouvrage, que j’ai cru devoir mettre à sa tête, un extrait des endroits de la Notice de l’Empire, qui concernent les Gaules, & la Notice entiere des Gaules, publiée par le Pere Sirmond. On devinera facilement par quelles raisons j’y joins encore une Carte Géographique des Gaules, divisées comme elles l’étoient au commencement du cinquiéme siécle.