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de la cronologie, nous y répondrons lorsque nous traiterons du rétablissement de Childéric. Ici je me contenterai de dire que l’objection à laquelle je promets de satisfaire prouve bien que la destitution de Childéric n’a pu durer huit ans, mais non pas qu’elle n’ait point eu lieu, et de rapporter un passage du P. Daniel lui-même, concernant les loix de l’histoire. Voici donc ce qu’il dit à ce sujet, après avoir raconté la condamnation et le suplice de la fameuse reine Brunehaut, femme de Sigebert premier roi d’Austrasie et petit-fils du grand Clovis. » Un de nos celebres Historiens[1], Cordemoy, entreprit ils a quelques années, de faire l’Apologie de cette malheureuse Princesse, qui avoit déja été faite par le Jesuite Mariana dans son Histoire d’Espagne, en faveur de son pays où elle avoit pris naissance, » Notre auteur montre ensuite que les raisons du pere Mariana et de M de Cordemoy ne sont rien moins que solides, et qu’elles se trouvent réfutées dans l’histoire de France par M De Valois. Après quoi il écrit : » Vouloir en faveur de cette Reine révoquer en doute sur de foibles conjectures & par des raisonnemens géneraux, des faits rapportés par les plus anciens Historiens que nous avons, & dont ils conviennent entr’eux pour la plupart, c’est agir contre toutes les loix de l’Histoire. »


LIVRE 3 CHAPITRE 5

CHAPITRE V.

Continuation de l’Histoire du regne de Majorien. mort de cet Empereur, & Proclamation de Severus son successeur. Etat de l’Empire d’Occident sous Severus.


Le dessein qui avoit engagé Majorien à faire la paix le plus promptement qu’il lui avoit été possible avec toutes les puissances des Gaules, étoit, comme on l’a dit déja, le projet de passer incessamment en Afrique, et de reconquerir cette importante province sur les Vandales. Nous avons vû que de tous les projets qu’il pouvoit former, celui-ci étoit le plus avantageux à l’empire d’Occident, et nous avons parlé des préparatifs que ce prince avoit faits, même avant qu’il eût pacifié les Gaules. Dès que Majorien y eut rétabli l’ordre ou du moins la tranquillité, il se mit en marche pour passer en Espagne. C’étoit sur

  1. Tom. I. pag. 268. Edit. de 1722.