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de Sidonius Apollinaris. Idace qui écrivoit en Espagne, ou n’aura point entendu parler de la déposition de Childéric, ou bien il n’aura point jugé à propos de faire mention d’un évenement qui n’interessoit guéres ses compatriotes, lui qui écrivoit une cronique si succincte, que souvent elle n’employe qu’une ligne pour raconter les batailles et les sieges les plus mémorables qui ayent été données, ou qui ayent été faits dans les Gaules. Quant à Sidonius Apollinaris, on sçait bien qu’il n’a point écrit les annales de son tems, et que s’il parle dans ses ouvrages de plusieurs événemens arrivés pour lors, c’est uniquement par occasion. Ou ce saint évêque n’aura point eu celle de parler de l’évenement dont il s’agit, ou ceux de ses ouvrages dans lesquels il en faisoit mention, ne seront point venus jusqu’à nous.

Outre les objections que nous venons de réfuter, le Pere Daniel en fait encore deux pour montrer que l’histoire de la déposition de Childéric et de l’installation d’Egidius sur le trône de ce prince, n’est qu’une histoire apocryphe. Une de ces objections est de dire : que cette histoire est pleine de circonstances pueriles et indignes de foi en même-tems : l’autre objection est que cette histoire est démentie par la cronologie. On peut, dit-il, prouver par la cronologie qu’il est impossible que le détrônement de Childéric ait duré huit ans. En effet Egidius étoit déja maître de la milice quand il fut choisi par les Francs pour regner sur eux après la dépossession de Childéric, et cependant Childéric fut rétabli avant la mort d’Egidius qui mourut au plus tard cinq ans après avoir été fait maître de la milice par Majorien. Nous le prouverons dans la suite.

Je réponds à la premiere objection que les circonstances pueriles, et si l’on veut, extravagantes qui sont dans la narration de cet évenement, telle que le Pere Daniel nous la donne, ne sont point dans la narration de Gregoire de Tours. On peut connoître quelles sont les circonstances que le Pere Daniel a tirées des écrivains postérieurs à Gregoire de Tours, et qu’il a inserées dans sa narration, en la comparant avec celle de Gregoire de Tours que nous avons rapportée fidelement. Un fait attesté par un auteur presque contemporain en deviendra-t-il moins croyable, parce qu’il aura plû aux écrivains postérieurs d’ajoûter à la narration de cet auteur des circonstances indignes de foi ? Quant à la seconde objection tirée