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A proportion que le grand nombre de rois qu’il y avoit dans le cinquiéme siecle vint à diminuer, et à mesure que leur pouvoir vint à s’augmenter, la societé des nations se fit une plus grande idée de la royauté, et le titre de roi devint plus auguste. Elle en vint donc jusqu’à refuser ce titre respectable à des princes beaucoup plus puissans que ceux qui l’avoient porté dans les siécles précedens, mais qui cependant ne l’étoient point encore assez pour lui en paroître dignes, depuis qu’elle s’étoit fait une idée du nom de roi differente de celle qu’on en avoit dans le cinquiéme siécle. Dès le quinziéme on ne vouloit plus qu’un souverain méritât d’être appellé du nom de roi, si son Etat ne renfermoit pas au moins dix diocèses et une métropole. Les réünions de plusieurs couronnes sur une seule et même tête qui se firent en Europe dans le cours du seiziéme siécle, ou dans le commencement du dix-septiéme siécle, et qui diminuant le nombre des rois augmentoient en même-tems la puissance de ceux qui restoient, donnerent encore plus de splendeur aux têtes couronnées. A quel point le titre de roi ne devint-il pas respectable dans la societé des nations en mil six cens quatre, qu’il ne s’y trouva plus que six souverains qu’on désignât par le nom de roi. Elevés que nous sommes dans l’idée du titre de roi laquelle on se fit alors, notre premier mouvement nous porte à penser que tout prince à qui nous voyons qu’un historien donne le nom de roi, a été un prince puissant, dont la domination s’étendoit sur une vaste contrée. Mais pour se mettre bien au fait de l’histoire du cinquiéme siécle, il faut se défaire de cette prévention, et se redire à soi-même en plusieurs occasions ce qui vient d’être exposé. Il faut se rappeller de tems en tems que ceux de ces rois qui servoient l’empire, et c’étoit la destinée de plusieurs d’entr’eux, étoient subordonnés au maître de la milice dans le département où étoient leurs quartiers. Voilà pourquoi j’ai crû pouvoir avancer qu’il n’est point vraisemblable qu’Egidius ait jamais daigné se parer du titre de roi des Francs.

Les rois barbares eux-mêmes regardoient le grade de maître de la milice comme une dignité superieure à la royauté, et ils tenoient à grand honneur de parvenir à ce grade. L’histoire