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d’hui un autre roi qui soit de notre nation, nous ne pourrions plus rappeller Childéric, sans allumer entre nous une guerre civile ? Qui nous gouvernera durant l’interregne ? Prions Egidius de vouloir bien être notre chef pendant ce tems-là. Nous lui obéïssons déja quand nous sommes à la guerre. Nous lui obéïrons aussi quand nous serons revenus dans nos quartiers. La réputation de justice et de probité qu’Egidius avoit dans les Gaules aura achevé de déterminer les sujets du roi dépossedé à prier Egidius de se charger du soin de leur administrer la justice, et de décider les contestations qui naîtroient entr’eux. D’un autre côté le Romain à qui ce choix donnoit encore plus de crédit sur la tribu des Saliens, qu’il n’en avoit en qualité de généralissime des troupes des Gaules, se sera chargé volontiers du soin de la gouverner. Comme il faisoit son séjour ordinaire à Soissons, dont il laissa même la possession à son fils Syagrius, ainsi qu’il le sera dit dans la suite, le lieu de sa demeure n’étoit pas bien éloigné des quartiers des Francs qui le prenoient pour leur chef politique.

Nous avons déja dit à l’occasion du dénombrement que Sidonius Apollinaris fait de l’armée de l’empereur Majorien, que le Pere Daniel s’inscrivoit en faux contre l’histoire de la déposition de Childeric, et même nous avons réfuté l’argument qu’il tire pour appuyer son opinion, de ce qu’il ne se trouvoit point de Francs parmi les barbares qui servoient dans cette armée-là, en qualité de troupes auxiliaires. Mais cet argument n’est pas le seul qu’il employe pour montrer que l’histoire, dont il s’agit, n’est qu’une fable, et que la conduite qu’on fait tenir aux Francs en cette occasion doit paroître aussi bizarre, que l’auroit été en mil six cens quatre-vingt-sept la conduite des Turcs, si lorsqu’ils eurent déposé Mahomet IV ils avoient placé sur le trône des ottomans le prince Charles de Lorraine, qui commandoit alors l’armée de l’empereur en Hongrie, et qui ne devoit sa gloire qu’aux avantages qu’il avoit remportés sur eux. Notre auteur met encore en œuvre plusieurs autres preuves pour appuyer son sentiment. Il est vrai qu’aucune n’est du genre de celles qu’on nomme des preuves positives. Le P. Daniel ne cite aucun écrivain ancien qui se soit inscrit en faux contre la narration de Gregoire de Tours, ou qui ait dit le contraire. Il est réduit à des preuves négatives. En premier lieu, allégue-t-il, le fait est incroyable. En second lieu, aucun auteur contemporain ne le rapporte.

Paroît-il possible, dit notre critique, que les Francs qui