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gueil, que le Romain après les avoir fait captifs, leur coupe les cheveux aussi courts que le sont ceux des esclaves, et qu’ensuite ces barbares relegués tous au-delà du Vahal, n’ayent plus que ses eaux pour boisson. Nous avons vû dans le premier livre de cet ouvrage, que l’envie de boire du vin étoit un des motifs qui attiroient les barbares sur le territoire de l’empire. Revenons au succès de l’expédition de Majorien dans les Gaules.

Ce prince, comme le dit Sidonius, passa les Alpes lorsque l’hyver étoit déja commencé. Il arriva cependant à Lyon avant la fin de l’année quatre cens cinquante-huit avec laquelle son consulat expiroit, puisque notre poëte y prononça devant ce prince, tandis qu’il étoit encore consul, son panegyrique en vers. D’ailleurs Cassiodore dit dans ses fastes, que ce fut cette année-là que Majorien partit pour son expédition d’Afrique. Nous avons vû que l’expédition de Majorien contre les Vandales d’Afrique devoit succeder immédiatement à celle qu’il lui falloit exécuter la premiere, c’est-à-dire, à celle qui lui devoit soumettre les Romains de la Gaule qui refusoient encore de le reconnoître. Ainsi Cassiodore compte Majorien parti pour son expédition d’Afrique, dès qu’il est parti d’Italie pour entrer dans les Gaules. La diligence avec laquelle Majorien s’y montra, dût déconcerter le parti qui lui étoit opposé, et qui probablement ne s’attendoit point à l’y voir arriver au cœur de l’hyver. Nous ne sçavons pas d’autres particularités de la guerre civile qui s’y fit alors, que celles qu’on peut ramasser dans les écrits de Sidonius, qui n’a point eu certainement le dessein d’en faire l’histoire.

On a déja vû par l’extrait d’une de ses lettres que nous avons rapporté, que le dessein des ennemis de Majorien étoit de proclamer empereur Marcellianus, avec qui suivant l’apparence ils traitoient encore, quand le premier les surprit en passant les Alpes dans une saison que les armées ne prennent pas ordinairement pour traverser les monts. On voit encore par le panegyrique de Majorien du même auteur, que dans le cours de cette guerre civile, la ville de Lyon fut prise et saccagée par les troupes de cet empereur. « Grand prince, y dit Sidonius,