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toit point encore le maître de ce que l’empire tenoit dans les Gaules, et son maître de la milice Egidius, n’y étoit point encore reconnu en cette qualité. Par conséquent il ne pouvoit point avoir été déja choisi par la tribu des Francs, dont Childeric étoit roi, pour la gouverner. Le moyen de croire que cette tribu eût choisi pour son chef, durant l’interregne, un géneral qui n’étoit pas reconnu sur leurs frontieres, et qui étoit encore en Italie. D’ailleurs Sidonius dit positivement qu’Egidius ne passa les Alpes qu’avec Majorien, et que dans la marche ce fut cet officier qui commanda l’arriere-garde. Dès que l’armée de Majorien a été rassemblée en Italie, dès qu’elle a été rassemblée avant qu’Egidius regnât sur aucune tribu des Francs, on ne sçauroit rien conclure de ce qu’il n’est point fait mention des Francs dans le dénombrement de cette armée-là.

Il est encore très-vraisemblable que les Francs étoient alors aussi-bien que Theodoric II dans le parti opposé à Majorien, et même que ce ne fut que quelque tems après la réduction des Gaules, qu’ils firent leur paix avec lui. Mon opinion est fondée sur l’imprécation que Sidonius fait contre les Francs dans une espece de requête en vers, qu’il presenta dans Lyon à Majorien, quelques jours après que la ville eut été réduite, comme nous l’allons dire, sous l’obéissance de cet empereur. Sidonius y expose en premier lieu sa demande, qui étoit d’être déchargé de trois coteparts de capitation, qu’on lui avoit imposées en lui accordant son pardon. Nous avons dit dès le premier livre de cet ouvrage quelle sorte de taxe étoient ces coteparts de capitation. Le suppliant finit ensuite sa requête à l’ordinaire, c’est-à-dire, en faisant des vœux pour la prosperité du prince. Un de ces vœux est : « Que l’orgueil de l’une et de l’autre rive soit humilié, et que Sicambre tondu n’ait plus d’autre boisson que l’eau du Vahal. » c’est-à-dire, en stile simple ; que les Francs, tant ceux qui habitent encore sur la rive droite du Rhin, que ceux qui se sont cantonnés sur la rive gauche de ce fleuve, et qui sont à present si altiers, soient punis de leur or-