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quer. Cependant Sidoine Apollinairc faisant un long dénombrement des diverses Nations que Majorien avoit alors dans son armée, ne nomme ni les François, ni le Roi des François. On n’y voit ni le nom de Franci, ni ceux de Bructeri, de Chatti, de Sicambri, ni aucun des autres noms que les Ecrivains & les Historiens de ce tems-là ont coutume de donner aux François. Si le Comte Gilles étoit alors Roi, n’auroit-il pas eu une armée entiere de François sous son commandement, & auroit-il quitté son Royaume sans amener avec lui les principaux Capitaines & les meilleures troupes, dans un tems où il devoit tout appréhender de l’inconstance de la Nation ? »

Tout ce raisonnement porte à faux. Voici pourquoi. Il suppose qu’Egidius regnât déja sur la tribu des Francs dont Childéric étoit roi, lorsque Majorien assembla l’armée dont Sidonius fait le dénombrement, et dans laquelle on ne trouve point les Francs. Cela ne peut avoir été. En voici la raison. Cette tribu ne sçauroit avoir choisi Egidius pour son roi, qu’après que Majorien se fut rendu le maître des Gaules. Egidius ne fut reconnu pour maître de la milice dans les Gaules, que lorsque Majorien qui lui avoit conferé cette dignité, y eut été reconnu pour empereur. Gregoire de Tours dit positivement, comme on le verra, que lorsque les sujets de Childéric choisirent Egidius pour les gouverner, Egidius étoit déja maître de la milice. Or Majorien n’assembla point l’armée, dont il s’agit, dans les Gaules après les avoir soumises. Il l’assembla en Italie pour venir à sa tête subjuguer les Gaules. Sidonius, pour ainsi dire, passe cette armée en revûë dans le vers quatre cens soixante et douze du panegyrique de Majorien, et dans les vers suivans. C’est-là qu’il en fait le dénombrement, et ce n’est que dans le vers cinq cens dix qu’il commence à la mettre en marche et à lui faire traverser les Alpes pour venir à Lyon. Ce n’est qu’au vers cinq cens dix que commence la narration du passage de ces montagnes, que Sidonius décrit éloquemment dans les vers suivans, qui conduisent enfin Majorien à cette ville-là. Ainsi lorsque ce prince assembla l’armée dont il s’agit ici, celle qui devoit après avoir soumis les Gaules, passer en Afrique, il n’é-