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que le vouloit, aura fait passer l’armée de terre qu’il mit sur pied dès qu’elle fut prête, ayent été soumises, avant que la flotte fût encore en état de se mettre en mer, puisque Sidonius dit : » Quoique les Gaules fussent épuisées par les subsides qu’on levoit sur elles depuis long-tems, elles trouvent néanmoins des ressources dans le zele qu’elles ont pour leur nouvel Empereur, & fournissent des sommes considerables qui aident à faire les frais d’un armement si nécessaire. »

L’armement que Majorien fit par terre se trouva plûtôt prêt que celui qu’il faisoit par mer, quoique ce premier armement ne fut pas moins considérable que le second. Outre les troupes Romaines, il avoit dans son camp des corps composés de tous les barbares qui pour lors s’étoient fait quelque réputation à la guerre. Il paroît même par le dénombrement de ces corps qu’on lit dans Sidonius, que plusieurs barbares du nombre de ceux qui avoient des établissemens dans les Gaules, et qui avoient été à portée de se rendre dans le camp de Majorien, avoient abandonné les quartiers de leur nation pour passer les Alpes, et pour aller joindre en Italie cet empereur, sous lequel ils avoient déja servi, dans le tems qu’il étoit un des lieutenans d’Aëtius. Il est vrai que Sidonius dans l’énumération qu’il fait de ces barbares, ne nomme point les Francs, et le Pere Daniel tire même une induction de cette omission, pour appuyer son sentiment qui, comme on le sçait, est que les prédécesseurs de Clovis n’ont eu aucun établissement stable dans les Gaules, et que la déposition du roi Childeric, et le choix que les Francs firent ensuite d’Egidius pour les gouverner, n’est qu’une fable inventée à plaisir. Mais voici ses propres paroles.

» Egidius[1], ou le Comte Gilles, devoit être Roi au moins lorsqu’il accompagna l’Empereur Majorien en Espagne pour l’expédition d’Afrique, que l’incendie des vaisseaux fit man-

  1. Praef. Hist. p. 116. Ed. de 1720.