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» Pæonius est un de ces hommes qui sçavent se faire adorer du menu peuple en épousant toutes ses fantaisies, & qui le calment ou le font remuer quand il leur plaît. Dans les tems qu’il se fit à Arles une conjuration pour mettre le diadême sur la tête de Marcellianus, ce Pæonius de qui, bien qu’il fût déja vieux, le monde n’avoit pas encore en » tendu beaucoup parler, se rendit celebre en le mettant à la tête des jeunes gens les plus échaufés. Il doit son illustration à l’audace qu’il montra dans la confusion où la République étoit durant l’interregne. En effet il fut le seul qui osât se présenter alors pour remplir la place de Préfet du Prétoire des Gaules, & même il eut l’effronterie de se mettre en possession de cette dignité, & de l’exercer pendant un grand nombre de mois, sans avoir été pourvû par les Lettres Patentes d’aucun Empereur. » On voit bien que l’interregne dont il est fait ici mention, et qui est arrivé quand Sidonius étoit déja dans l’âge viril, est celui qui eut lieu dans les Gaules entre la déposition d’Avitus et la reconnoissance de Majorien par les Romains d’en deça les Alpes à notre égard, et non pas l’interregne, lequel eut lieu après la mort de Petronius, et avant la proclamation d’Avitus. L’interregne, lequel eut lieu dans les Gaules depuis qu’on y eut appris la mort de Maximus, jusqu’à la proclamation d’Avitus, ne sçauroit avoir duré deux mois, comme on l’a vû en lisant l’histoire de l’avenement d’Avitus à l’empire, et Sidonius parle d’un interregne qui avoit duré un grand nombre de mois. Au contraire nous venons de voir qu’il s’écoula près d’un an entre la déposition d’Avitus et la proclamation de Majorien faite en Italie, et nous verrons encore que Majorien ne fut reconnu dans les Gaules que long-tems après sa proclamation en Italie.

Majorien devoit craindre que le parti qui s’étoit formé contre lui dans les Gaules, et dont étoient certainement les Visigots, et selon toutes les apparences les Francs, ne procla-