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On lit aussi dans Sidonius Apollinaris, que l’empereur Leon donna son consentement au projet de faire Majorien empereur. Sidonius dit, en adressant la parole à Majorien : » Après que le Senat, le Peuple & les troupes vous eurent choisi pour regner, & que votre Collegue fut entré dans le sentiment de tous les Ordres. » On ne sçauroit douter que le collegue, dont parle ici Sidonius, ne soit Leon. En premier lieu, quelle personne pouvoit-on appeller absolument le collegue de l’empereur d’Occident, si ce n’est l’empereur d’Orient ? En second lieu, et c’est ce qui leve tout scrupule, lorsque Sidonius prononça[1] le panegyrique de Majorien en quatre cens cinquante-huit, ce prince étoit consul, et il avoit pour collegue dans cette dignité, l’empereur Leon.

Gregoire De Tours, après avoir dit que Majorien fut le successeur d’Avitus, ajoûte : Egidius qui étoit Romain, fut fait maître de la milice dans le département des Gaules.

Nous avons déja parlé de Majorien à l’occasion de l’expédition qu’Aëtius fit dans la seconde Belgique contre le roi des Francs Clodion, et même nous avons eu dès-lors occasion de remarquer que ce Romain étoit encore un jeune homme, quand il fut fait empereur. Nous avons dit aussi quelque chose d’Egidius, au sujet du siege qu’il mit devant Chinon durant la guerre d’Aëtius avec les Armoriques. Mais Egidius Syagrius, que nos historiens appellent le comte Gilles ou Gillon, et son fils connu sous le nom de Syagrius, qui étoit leur nom de famille, jouent un si grand rôle dans le commencement des annales de notre monarchie, qu’il convient de rassembler ici tout ce qui se trouve dans les auteurs contemporains, concernant la naissance et le caractere de ce maître de la milice dans le département des Gaules. Il étoit de la famille Syagria, l’une des plus illustres du diocèse de Lyon, et qui avoit eu un consul en trois cens quatre-vingt-deux. Symmachus, auteur du quatriéme siecle, dit, en parlant de ce consul, qui s’appelle dans les fastes, Afranus Syagrius ; que ce Syagrius avoit son patrimoine de l’autre côté

  1. Sirm. in Notisad Sid. B. 116.