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territoire des cités qui étoient entrées dans ce parti-là. L’accord aura été fait et exécuté l’année même de la déposition d’Avitus, et avant que Majorien eût encore été proclamé, c’est-à-dire, dès quatre cens cinquante-six.

Quelles furent les cités que les Bourguignons occuperent alors ? Vraisemblablement ils s’étendirent de proche en proche, et ils s’établirent dans les païs qui sont sur la droite du Rhône, et sur la gauche de la Saône, au-dessus de la ville de Lyon, où ils n’entrerent, comme on le verra, qu’après la mort de Majorien. Quant au partage des terres dont Marius fait mention, comme j’en dois parler ailleurs assez au long, je me contenterai de dire ici que ce partage fut fait par égales portions. Une moitié des terres fut laissée aux Romains, et l’autre fut abandonnée aux Bourguignons, qui pour revêtir d’une ombre d’équité l’injustice qu’ils exerçoient, auront appellé à l’assemblée, qui se tint pour regler ce partage, quelques senateurs des cités où l’on dépouilloit l’ancien habitant de la moitié de son bien. Il n’y aura point eu trop de terres à donner, eu égard au nombre des Bourguignons qui en demandoient. Premierement, cette nation étoit nombreuse. D’ailleurs, il y a de l’apparence que les essains de ce peuple-là, qui demeuroient encore au-de-là du Rhin, lorsqu’Attila fit son invasion dans les Gaules, auront presque tous quitté vers l’année quatre cens cinquante-six, leurs anciennes habitations, pour venir partager la fortune de leurs compatriotes établis sur les bords du Rhône et de la Saone. Du moins je ne me souviens pas d’avoir rien lû dans aucun auteur ancien, qui donne à croire qu’après cette année-là il y ait eu encore des Bourguignons dans la Germanie, si ce n’est un passage de la loi Gombette, rapporté ci-dessous, et qui semble supposer que dans le sixiéme siecle il vint encore de tems en tems quelque barbare de la nation des Bourguignons, demander d’être aggregé aux Bourguignons sujets de la maison de Gondebaud. Mais il n’est pas dit dans cette loi, que ces nouveaux venus arrivassent de la Germanie.

Quoiqu’Avitus eût été déposé dès l’année quatre cens cinquante-six, Majorien son successeur ne fut proclamé que l’année quatre cens cinquante-sept. Suivant une des notes du P. Sirmond