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l’empire, et même dans les provinces les plus éloignées de la capitale. Les rejettons de cette famille ne laissoient pas d’être citoyens Romains, quoiqu’ils fussent nés hors de Rome et même hors de l’Italie. Comme il naissoit tous les jours dans Rome des enfans qui n’étoient point citoyens Romains, il naissoit aussi tous les jours des citoyens Romains auprès des cataractes du Nil, sur les bords de l’Euphrate, sur les rives du Guadalquivir, et dans les marais du Bas-Rhin.

Comment, dira-t’on, la plûpart des citoyens Romains, nés en des lieux si éloignés les uns des autres, pouvoient-ils prouver leur descendance, lorsqu’ils avoient un procès concernant leur état ? Je réponds qu’il est vrai que plusieurs inconvéniens devoient résulter de l’observation du droit public de l’empire dès les premiers Césars ; mais on y avoit mis ordre de bonne heure, et même avant que Caracalla eût multiplié les citoyens à l’infini, en donnant le droit de bourgeoisie romaine à tous les sujets de la monarchie. Marc-Aurele Antonin avoit déja ordonné long-tems avant que Caracalla fit son édit, que tous les citoyens Romains seroient tenus de donner un nom à leurs enfans trente jours au plus tard après qu’ils seroient nés, et que leurs peres feroient inscrire dans le même terme, le nom de cet enfant sur les registres publics ; que le nom des enfans nés à Rome seroit inscrit sur les registres du temple de Saturne, où étoit le dépôt public, et le nom des enfans nés dans les provinces, sur le registre de celle où ils seroient nés, et qu’à cet effet on établiroit un greffe dans chacune de ces provinces. Ces registres devoient avoir dans l’empire le même effet, que le livre d’or sur lequel on inscrit les noms des enfans qui naissent aux nobles venitiens, doit avoir aujourd’hui dans leur république : un extrait de ces archives établies par Marc-Aurele, étoit alors ce qui est à present un extrait-baptistaire, et faisoit foi en justice dans les procès concernant l’état des personnes.

Ainsi lorsque Constantin Le Grand eût transporté dans Byzance une partie du peuple romain, il se trouva dans Byzance une partie de ces hommes à qui les droits que le peuple Romain avoit acquis, devoient appartenir. La portion du senat et du peuple romain, laquelle se transplanta dans la nouvelle capi-