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que le dernier possesseur laissât un successeur reconnu pour tel, survint en Occident, lorsqu’Honorius mourut. Arcadius empereur d’Orient étoit bien mort avant Honorius ; mais Arcadius avoit laissé en la personne de Theodose Le Jeune, un fils capable de recueillir la succession vacante par la mort de son pere. Honorius au contraire mourut sans laisser aucun garçon qui pût lui succeder, et comme son neveu Theodose se trouvoit ainsi le plus proche parent paternel de l’empereur décedé, il prétendit avec raison que la succession de son oncle lui fût dévoluë. Aucune loy ne s’opposoit à sa prétention. Comme nous le dirons plus au long dans l’endroit du sixiéme livre de cet ouvrage, où il sera traité de la loy de succession établie dans la monarchie des Francs, il n’y eut jamais dans l’empire Romain une loy de succession bien claire et bien constante. Ainsi toutes les contestations qui pouvoient survenir dans cette monarchie, concernant la succession à la couronne, devoient se décider suivant le droit des particuliers, et ce droit étoit favorable à Theodose Le Jeune dans la question : Qui, suivant la loy, est le successeur legitime d’Honorius ? Aussi Joannes, qu’un parti avoit proclamé successeur d’Honorius, fut-il, généralement parlant, traité d’usurpateur, et abandonné comme tel. Au contraire, Valentinien III, à qui Theodose Le Jeune avoit cedé ses droits sur l’empire d’Occident, y fut reconnu pour empereur. Valentinien III n’avoit aucun droit de son chef à l’empire d’occident : c’étoit par femme qu’il descendoit de Theodose Le Grand. Il est vrai que Constance le pere de notre Valentinien, avoit été proclamé empereur d’Occident ; mais comme on l’a vû, Theodose Le Jeune alors empereur d’Orient, et dont on vient de voir les droits, avoit refusé de reconnoître Constance en cette qualité. C’étoit si peu comme fils de Constance, que Valentinien III fut reconnu empereur d’Occident, qu’après le dècés de Constance, mort avant Honorius, Valentinien ne se porta point en aucune maniere pour successeur de son pere. Valentinien fut aussi long-tems après la mort d’Honorius, sans prendre ni le titre d’empereur ni même celui de César. Il ne prit successivement et l’un et l’autre titre, que lorsqu’ils lui eurent été conferés par Theodose son cousin.

La maniere dont les actes publics de ces tems-là, qui nous restent, se trouvent rédigés, nous autorise à conjecturer que dans l’instrument de la cession de l’empire d’Occident faite à Valentinien III par Theodose Le Jeune, et dans les autres actes qui se seront faits en conséquence, il n’aura point été énoncé