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Nous ne voyons pas que Martian, lorsqu’il fut proclamé empereur d’Orient après la mort de Theodose Le Jeune, dont il n’étoit à aucun titre le successeur désigné, se soit mis en devoir d’obtenir le consentement de Valentinien III qui regnoit alors sur le partage d’Occident. Il est vrai que Martian épousa, pour être fait empereur, Pulcherie sœur de Theodose, son prédécesseur ; mais ce mariage, qui ne fut même célebré qu’après l’élevation de Martian, ne lui donnoit aucun droit réel à l’empire, puisque Pulcherie elle-même n’y en avoit aucun. Lorsqu’Attila fit demander en mariage à Valentinien sa sœur Honoria, et qu’il prétendit encore qu’on donnât à cette princesse sa part et portion dans l’empire, comme dans un bien appartenant à la maison dont elle étoit sortie, Valentinien répondit : que l’empire ne tomboit point en quenouille, et que les filles n’avoient rien à y prétendre. Ce furent les intrigues et non pas les droits de Pulcherie, qui firent asseoir son mari sur le trône. Si quelques empereurs ont déclaré leurs meres, leurs sœurs, et leurs niéces, augustes, ils n’ont point prétendu pour cela donner à ces princesses aucun droit de succeder à l’empire. Les princes qui sont parvenus à l’empire, à la faveur du mariage qu’ils avoient contracté avec des filles d’empereur, n’y sont point parvenus, parce que leurs femmes leur eussent apporté en dot un droit juridique à la couronne : ils y sont parvenus, en vertu de l’adoption de leurs personnes, faite par l’empereur regnant en considération d’un tel mariage.

Nous ne voyons pas non plus que Leon I qui ne succeda point à Martian par le droit du sang, et qui monta sur le trône de Constantinople, long-tems avant le renversement de l’empire d’Occident, ait demandé le consentement ni l’agrément de l’empereur, qui pour le tems regnoit à Rome. Enfin on ne voit pas que, lorsque l’empire d’Orient est venu à vaquer, l’empereur d’Occident se soit porté pour seul souverain de toute la monarchie Romaine, et pour unique empereur.

Au contraire, nous voyons que les empereurs d’Orient ont toujours prétendu que le droit de disposer du trône d’Occident lorsqu’il venoit à vaquer, leur appartenoit, et que le prince qui regnoit alors à Constantinople, s’est toujours porté pour être seul et unique empereur. Il y a plus, nous voyons cette préten-