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liere d’une des provinces de la monarchie. Il y avoit déja long-tems que l’élection de Galba avoit mis en évidence un des plus grands défauts qui fût dans la constitution de l’empire ; c’est que l’empereur pût être élû ailleurs que dans Rome. Dès qu’Avitus y eut été reçû, il n’eut pas de soin plus pressant que celui de faire demander à Martian, pour lors empereur d’Orient, l’ unanimité, c’est-à-dire, de vouloir bien le reconnoître pour son collégue, et de consentir que l’un et l’autre ils agîssent de concert dans le gouvernement du monde Romain. La démarche que faisoit Avitus, n’étoit pas une démarche qui fût simplement de bienséance, et de même nature que celle qui se fait par les potentats indépendans l’un de l’autre, quand ils se donnent part réciproquement de leur avenement à la couronne. Dans le cinquiéme et dans le sixiéme siécle, tous les Romains croyoient que, lorsque l’empire d’Occident venoit à vaquer, il fût comme réüni de droit à l’empire d’Orient, et que si les interêts de la monarchie Romaine ne souffroient pas que l’empereur d’Orient réünît de fait à son partage, le partage d’Occident, ce prince avoit le droit au moins, de disposer du partage d’Occident. On pensoit que la portion du peuple Romain restée à Rome ne pouvoit point se donner un maître, sans avoir obtenu l’approbation du chef de cette portion du peuple Romain, qui s’étoit transplantée à Constantinople. Je comprends ici sous le nom de peuple tous les citoïens, et même les patriciens, ainsi que les loix romaines les comprennent.