Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/484

Cette page n’a pas encore été corrigée

le dépositaire de toute son autorité, au lieu de vous en confier seulement une portion. En effet, quel est ce citoïen des Gaules qui sçut alors fléchir la colere des Visigots, attendrir les Francs établis dans les campagnes de la Belgique, & ramener les esprits des Armoriques : Personne n’ignore » que ce fut Avitus.

On remarquera aisément en lisant ce discours, où l’on peut bien croire que Sidonius aura fait entrer la substance de ce qui se disoit chaque jour dans les Gaules, à l’occasion de l’élevation de son beau-pere, ce que pensoient alors les Romains de ce païs-là, concernant les interêts de leur patrie, et la gestion des magistrats et des autres officiers envoyés de Rome par le prince. Faut-il s’étonner, que les Armoriques persistassent dans la résolution de ne les plus recevoir. Peut-être même, et c’est ce qui aura donné occasion à Sidonius de parler d’eux ici, avoient-ils fait difficulté de reconnoître Maximus, et de lui rendre les devoirs qu’ils rendoient encore à l’empereur. Nous avons expliqué en quoi ces devoirs pouvoient consister. Le Gaulois que Sidonius fait parler, ajoûte à ce que nous avons déja rapporté : que la patrie choisit Avitus pour son empereur, par les mêmes raisons qui avoient fait élire autrefois aux Romains les Camilles, les Fabius, et les autres restaurateurs de la république, pour leurs chefs suprêmes. Enfin, dit cet orateur au nouveau prince : tous les sujets croiront jouir de la liberté sous votre regne. Tout le monde applaudit à l’orateur, et protesta qu’il étoit du même avis que lui, autant à cause du mérite d’Avitus, que par respect pour le roi des Visigots, qui suivi de ses freres étoit venu à Arles, pour y favoriser en personne, la proclamation de son ami. Quoique Theodoric fût entré sans troupes et comme allié dans cette ville, sa présence ne laissoit pas d’en imposer à ceux qui auroient été tentés de traverser l’exaltation d’Avitus. Ce Romain après s’être défendu quelque tems d’accepter la dignité qu’on lui offroit, consentit enfin, suivant l’usage ordinaire des élections, à s’en laisser revêtir.

Aussi-tôt que ce prince eût été proclamé, et dès qu’il eût ratifié comme empereur ce qu’il pouvoit avoir promis, quand il étoit encore particulier, il partit pour se rendre à Rome, et il y fut reçû comme si son élection eût été l’ouvrage du peuple et du sénat de cette capitale, et non pas de l’assemblée particu-