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songea point à donner un successeur au malheureux Maximus. Suivant les apparences on y attendit, même après qu’ils eurent évacué la ville, les ordres de Martian. Enfin on y déliberoit encore sur le choix du successeur de Maximus, lorsqu’on y apprit qu’on avoit déja un empereur. Avitus étoit à la cour de Theodoric, quand ce prince fut informé du meurtre de Maximus, et de la surprise de Rome par les Vandales. L’état déplorable où ces évenemens mettoient les affaires des Romains, ne fit point concevoir au roi des Visigots, l’idée de s’agrandir. Il protesta dans les termes les plus forts qu’il se conduiroit dans une conjoncture si délicate en véritable confédéré de la république, et que c’étoit dans le dessein de lui donner une preuve incontestable de ses bonnes intentions, qu’il alloit contribuer à faire empereur, Avitus. Montez au trône, lui dit Théodoric, et l’empire n’aura point de soldat qui lui soit plus dévoüé que moi.

Ce n’étoit point véritablement au roi des Visigots à désigner l’empereur. Ce prince et ses sujets naturels quoique soldats de l’empire, n’étoient pas citoïens romains, et ils ne pouvoient point ainsi, s’arroger la prérogative militaire , ou le droit dont les légions avoient trop souvent abusé. Mais Théodoric étoit alors si puissant, qu’il n’y avoit point d’apparence que les Romains osassent se choisir un autre maître que celui qui auroit été trouvé digne de l’être, par ce prince, qui d’ailleurs se déclaroit en faveur d’un bon sujet. Ainsi l’on peut dire qu’Avitus partit de Toulouse empereur désigné, quand il en sortit pour aller rendre compte de sa négociation à ceux qui exerçoient la préfecture du prétoire des Gaules, dont le siége, comme nous l’avons déja dit plusieurs fois, étoit dans la ville d’Arles, depuis l’année quatre cens dix-huit. En effet ce fut sans Arles suivant la chronique d’Idace dont nous rapporterons le passage ci-dessous, qu’Avitus fut proclamé empereur, par les Romains des Gaules. La renommée y avoit déja publié, avant qu’Avitus arrivât, le succès de sa négociation, et que le meilleur moyen d’affermir la paix, dont la patrie avoit tant de besoin, étoit de le choisir, ou plûtôt de l’accepter pour maître. Les Romains des Gaules étoient encore portés à entrer dans les vûës de Théodoric, par l’honneur que leur feroit