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dement qui lui avoit été confié, allume dans votre sein une fureur timide qui vous fait massacrer votre Empereur. » Le Pere Sirmond croit que Sidonius veut dire ici simplement, que Maximus fut tué par quelque Bourguignon qui étoit soldat dans la garde étrangere de l’empereur. Mais il me semble que notre poëte fait jouer ici à son Bourguignon un personnage plus important que celui de soldat et même d’officier dans la garde étrangere. Les vers de Sidonius donnent l’idée d’une personne revêtuë d’un commandement considérable, et qui lui concilie un grand crédit. D’ailleurs, il désigne cette personne par le titre de la Bourgogne, ou de Bourguignon, par excellence, et comme on auroit pû désigner l’empereur, en l’appellant le Romain absolument ; quel étoit donc ce Bourguignon ? Je conjecture que ce pouvoit bien être Gunderic, roi d’un des essains de cette nation, qui s’étoient établis dans les Gaules, et à qui Aëtius avoit donné des quartiers dans cette grande province de l’empire. Nous verrons dans la suite le roi Gondebaud et le roi Chilperic, deux des fils et des successeurs de ce Gunderic, revêtus des plus éminentes dignités de l’empire d’Occident. Ainsi leur pere peut bien n’avoir pas dédaigné d’en exercer une. Quelle étoit cette dignité ? S’il est permis d’enter conjecture sur conjecture, je dirai qu’à en juger par les expressions de Sidonius, elle doit avoir été une des principales des dignités militaires, celle de maître de la milice dans le département du prétoire d’Italie, ou celle de chef de la garde étrangere du prince, emploi qu’Odacer, qui renversa l’empire d’Occident, exerça dans la suite sous le regne de Julius Nepos. Peu de tems après la mort de Maximus, Genséric entra dans Rome, qu’il abandonna durant quarante jours à l’avarice de ses Vandales. Enfin le sac finit, et leur roi se rembarqua pour retourner en Afrique. Il emporta des richesses immenses ; et il emmena encore avec lui Eudoxie, veuve de deux empereurs, et les deux filles de Valentinien III. Genséric fit dans la suite épouser la cadette à son fils Hunneric. On peut croire que ce mariage, et celui que Placidie, sœur d’Honorius, avoit contracté avec Ataulphe, roi des Visigots, auront été deux exemples, dont les matrônes romaines, qui par des vûës d’ambition, ou par d’autres motifs, auront voulu épouser des barbares, se seront bien autorisées dans les tems suivans.

Tant que les Vandales furent les maîtres de Rome, on n’y