Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/477

Cette page n’a pas encore été corrigée

ici mention, est donc une petite riviere de la cité de Tongres, et non pas l’Elbe, ce fleuve célébre de la Germanie. Les raisons que nous avons alleguées dans le premier livre de cet ouvrage, pour montrer que c’étoit de l’Albe, et non pas de l’Elbe, qu’il falloit entendre le passage de Claudien, où ce poëte parle de la sécurité avec laquelle les pastres et les bergers des Gaules menoient paître leurs troupeaux, au-delà de l’Albis , prouvent suffisamment que Sidonius a voulu aussi parler de l’Albe, et non point de l’Elbe, dans le passage du panegyrique d’Avitus, que nous discutons ici. Il seroit inutile d’en alléguer de nouvelles.

J’ai traduit la phrase de Sidonius. Quin & Aremoricus piratam Saxona Tractus sperabat par ces mots, les côtes du Commandement Armorique s'attendoient à une descente des Saxons, quoique le mot de s’attendre signifie ici craindre , et que sperare signifie dans son acception ordinaire s’attendre à quelque chose d’heureux, esperer . Mais sperare est souvent employé par les bons auteurs latins[1], dans le sens de s’attendre à quelque chose de fâcheux, de craindre . Ce qui suffit ici, Sidonius l’a employé dans cette derniere acception, même en écrivant en prose. Il dit en parlant de l’Auvergne qu’on vouloit livrer aux Visigots irrités de longue main contre cette cité : Namque alia regio tradita servitium sperat , Arverna supplicium[2].

Le grand crédit qu’avoit Avitus sur l’esprit de Theodoric II venoit de ce que le généralissime romain avoit donné à ce prince barbare la premiere teinture des belles-lettres et du droit. Theodoric I avoit voulu, pour adoucir dans son fils l’humeur sauvage naturelle aux Visigots, que ce jeune prince lût les poëtes latins, et qu’il étudiât les loix romaines. Avitus à qui l’on s’étoit adressé, avoit bien voulu donner lui-même ses soins à l’éducation du fils d’un prince aussi puissant dans les Gaules et principalement dans les provinces voisines de l’Auvergne, que l’étoit Theodoric I.

Le généralissime Romain étoit encore à la cour de Tou-

  1. Virg. En. 1. & 4.
  2. Ep.7. lib. 7.