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médiation des Sabines, lorsqu’elles s’entremirent pour faire un accord entre leurs peres & leurs maris, n’eut pas un effet lus soudain, que celle d’Avitus. Dès la premiere entrevue du Roi des Visigots & du Généralissime, ce Prince parut confus d’avoir ose former quelque projet, dont l’exécution l’auroit obligé à combattre contre des armées qui auroient vu notre Romain à leur tête. Une courte négociation, ou plûtôt une legere explication raccommode tout, & Theodoric entre dans Toulouse, en tenant dans la main en ligne de concorde, celle du Géneralissime, qui marchoit entre le Roi & un des freres du Roi.

Nous avons quelques observations à faire sur le passage de Sidonius, dont nous venons de rapporter le contenu. Nous remarquerons d’abord que les Francs qui envahissoient la seconde des provinces Belgiques, n’étoient pas les mêmes que ceux qui dans ce tems-là couroient la premiere des Germaniques. Supposé que les Francs, qui envahissoient la seconde Belgique, eussent été les mêmes que ceux qui avoient couru la premiere Germanique, il eût fallu qu’ils eussent, après avoir couru la premiere Germanique, et avant que d’entrer dans la seconde Belgique, ravager la premiere Belgique, qui séparoit de la seconde Belgique la premiere Germanique. Si cela fût arrivé ainsi, Sidonius se seroit expliqué autrement qu’il ne s’explique. Ainsi le sens le plus apparent du passage de notre auteur, est que les Francs restés dans l’ancienne France avoient passé le Rhin, et pris poste dans le territoire de la premiere Germanique, tandis que d’autres essains de la même nation, qui depuis long-tems étoient établis sur les confins de la seconde Belgique, avoient étendu leurs quartiers, en usurpant quelque canton de cette province, qui n’étoit pas compris dans leurs concessions. C’est de ces essains que parle Sidonius, quand il dit qu’après la promotion d’Avitus au généralat, les Cattes repasserent l’Albe, et qu’ils se continrent derriere ce ruisseau fangeux. Personne n’ignore que les Cattes faisoient une des tribus de la nation des Francs. Quant à la riviere qu’ils repasserent, ce fut, ainsi qu’il a été observé déja, l’Alve ou l’Albe dont Sidonius parle ici et ailleurs, comme d’une des rivieres sur lesquelles habitoient les Francs. L’Albe dont il est fait