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d’une querelle encore plus animée que celle qui venoit de finir. On crut alors qu’Heraclius, un eunuque qui avoit beaucoup de part à la confiance de Valentinien, étoit le principal auteur de la nouvelle broüillerie, et que c’étoit lui qui avoit persuadé au prince, qu’il n’avoit point d’autre moyen d’éviter sa propre ruine, que de prendre le parti de se défaire comme on pourroit, d’Aëtius. De son côté ce patrice aigrissoit l’esprit de Valentinien, en pressant avec trop d’ardeur le mariage de Gaudentius, et en exigeant avec hauteur qu’on lui tînt ponctuellement toutes les paroles qui lui avoient été données, et qu’on les accomplît aussi ponctuellement que s’accomplissent les traités conclus de couronne à couronne ; enfin Aëtius fut massacré par des courtisans affidés, après que l’empereur lui eût porté le premier coup de sa propre main. Boéce, préfet du prétoire d’Italie, et qui étoit l’un des amis intimes d’Aëtius, fut tué avec lui.

Idace a écrit : » Aëtius, Duc & Patrice, eut ordre de venir au Palais secretement : & s’y étant rendu sans être accompagné, il y fut tué de la main même de l’Empereur Valentinien. Aussitôt après, ce Prince envoya des Ambassadeurs aux Nations. Celui d’entr’eux qui vint trouver le Roi des Sueves, établis en Espagne, s’appelloit Justinianus. » La précaution que prit la cour après le meurtre d’Aëtius, de rendre compte en quelque façon aux barbares confédérés des motifs qu’elle avoit eus de se défaire de lui, montre que ces alliés étoient attachés à Aëtius, non seulement comme à un officier du prince, mais encore comme à un homme dont les interêts personnels étoient très-mêlés avec les leurs.

Si nous en croyons Gregoire de Tours, Aëtius, ne tramoit rien contre la république, dans le tems qu’il fut assassiné. Voici ce que dit cet historien. L’Empereur Valentinien étant parvenu à l’âge viril, & craignant qu’Aërius ne se fît proclamer Empereur, & ne se défît de lui, il le tua lui-même, sans avoir d’autre sujet de se porter à cette extrémité, que sa propre frayeur. » On ne sçauroit douter cependant, que du moins dans les tems précédens, Aëtius n’eût songé à faire son fils Gaudentius empereur, et que par sa conduite il n’ait